Le trimix avec le recycleur Inspiration

Introduction et limites de ce chapitre


L'objectif de ce chapitre, au même titre que les autres, n'est pas de faire un cours magistral mais seulement d'aborder le côté pratique qu'il est fait du trimix dans le cadre de l'utilisation avec un recycleur. Pour bien saisir toutes les subtilités de cette vie pratique, quelques éléments théoriques pourront cependant être indispensables.


Les paragraphes qui suivent sont donc avant tout réservés à des plongeurs ayant déjà suivi une formation trimix élémentaire circuit ouvert au minimum. En effet, je n'entrerais pas systématiquement dans le détail des éventuels calculs ou dans les choix faits, si je considère que ceux-ci sont des évidences pour un plongeur expérimenté et formé au trimix. Dans sa plus grande partie, ce chapitre abordera surtout le trimix dans le cadre de plongées également accessibles à l'air (normoxique) et quelquefois avec quelques extensions aux limites de l'hypoxique dans la zone des 70 à 80 mètres.


Comme beaucoup de plongeurs Niveau 3 (CMAS***) Trimix ma profondeur d'évolution se situe le plus souvent dans la zone des 45 à 60 mètres mais tout de même avec de nombreuses incursions au-delà et jusqu'à 80/85 mètres. Cela signifie donc que je n'entrerais pas dans la problématique des plongées lourdes et (vraiment) profondes (au delà des 80m) dont je n'ai d'ailleurs pas l'expérience. Et au final en plongée trimix, l'équipement est le même pour des plongées longues dans la zone 45/60 que pour d'autres plus courtes dans la zone des 80/85 mètres.


Comme expliqué précédemment je ferais souvent allusion au trimix élémentaire ou normoxique comme limite. Cette limite annoncée sera souvent relative au Code Du Sport qui fixe la profondeur d'évolution d'un plongeur certifié trimix élémentaire à 70 mètres en France.
Chez TDI et IANTD la profondeur max d'évolution pour le premier niveau de formation trimix est de 60 mètres. Par normoxique ont défini aussi la fraction d'oxygène présente dans le mélange. Cependant les limites ne sont pas tout à fait les mêmes pour tout le monde, à part que la fraction d'oxygène doit-être proche des 21%. La normoxie, pour le trimix élémentaire, est suivant les écoles et sensibilités, souvent comprise dans une tranche de 18 à 21% d'O2. En dessous de ces valeurs nous entrons dans le domaine de l'hypoxie et au dessus de l'hyperoxie.

Une des définitions du trimix normoxique est aussi de dire que c'est un mélange respirable de la surface jusqu'à sa profondeur planché (sans dépasser les valeurs max de PpO2 admissibles). Dernier point, en France avec la limite à 70 mètres, notre mélange ne devra pas contenir plus de 20% d'oxygène pour ne pas dépasser la limite hyperoxique de 1,6 bar. Il est cependant dangereux de fleurter avec cette limite pour un mélange fond. Par sécurité une fraction d'oxygène de 18% serait préférable. Celle-ci nous donnera une PpO2 de 1,44 bar qui est beaucoup plus raisonnable. La valeur de 1,40 (voire moins) est d'ailleurs considérée comme un maximum pour le mélange fond par beaucoup d'agences tek. Ce qui dans notre exemple imposerait une fraction d'O2 de 17,5% pour être exact (17% par défaut).


En introduction à la plongée trimix élémentaire, on peut constater qu'il existe 2 approches ou visions différentes qui s'opposent. La première est ce que j'appellerais une extension de la plongée loisir (ou sportive) profonde qui permet, avec un mélange ternaire (trimix), de garder son équipement standard de plongeur air (+ une déco), généralement composé d'un mono bloc 15 litres et de 2 détendeurs séparés ou tout simplement, un seul avec octopus. L'objectif de cette école est clairement un moyen d'augmenter la sécurité et la lucidité lors des plongées profondes faites habituellement à l'air. Dans cette configuration, on parle quelquefois de trimix de confort.

La deuxième approche, plus orientée tec, est une initiation ou introduction, sans concession, à la pratique de la plongée profonde full trimix avec un équipement lourd, souvent composé d'un bi bouteille 10 ou 12 litres avec une stab dorsale, avec simple ou double vessie, et une ou plusieurs bouteilles de déco et sans oublier la combinaison étanche qui est ausi là en redondance de flottabilité.


Pour les plongées trimix en circuit ouvert, les deux approches sont proposées dans les formations, mais dans le cadre de la plongée trimix avec recycleur la vision devient plus monoculture car le choix propre du circuit fermé oriente plutôt le plongeur vers une solution qui demande un niveau technique bien au dessus de ce qui ce pratique avec un simple mono bloc. De là à dire que les plongeurs recycleur CCR sont tous des fondus de profondes au trimix, il y a là un pas que je ne franchirais pas.

Ce qui est cependant sûr est que, avec l'apport du trimix dans mon recycleur Inspiration, j'ai pu constaté un léger accroissement de la complexité de l'équipement et en corollaire un besoin de gestion encore plus rigoureux de l'ensemble.

 

 

Avantages et inconvénients


Nous connaissons tous les avantages et inconvénients (narcose, saturation/décompression, essoufflement) liés à l'apport d'hélium dans un mélange. Dans le cadre de l'utilisation de l'hélium dans un recycleur, nous verrons que les choix des gaz sont différents de ceux utilisés en circuit ouvert et que l'apport de l'hélium amène d'autres avantages qui n'ont pas cours en circuit ouvert mais aussi moins d'inconvénients. La problématique de l'hélium est donc bien différente en recycleur qu'elle ne l'est en circuit ouvert. Il est donc très important d'en comprendre tous les aspects dans le cadre d'une utilisation recycleur mais également circuit ouvert, car il ne faut pas oublier que notre plongeur CCR pourra également, bien malgré lui, être obligé de passer sur bailout en cas de problème.


Avant d'en décrire tous les avantages et inconvénients voici quelques caractéristiques importantes de l'hélium qui nous serons utiles pour la bonne compréhension de ce chapitre :

  • l'hélium est un gaz sans couleur, inodore, insipide, ininflammable et complètement inerte.
  • Il est moins soluble dans l'eau que tout autre gaz.
  • La densité (sa densité n'est que de 0,14. Densité de 1 pour l'air) et la viscosité de l'hélium sont très bas.
  • C'est un gaz extrêmement léger et il est par conséquent très volatile.
  • La conductivité thermique et le contenu calorique sont exceptionnellement hauts.
  • L'hélium est après l'hydrogène, le deuxième élément le plus abondant de l'Univers mais paradoxalement rare sur terre.

Un des premiers avantages reconnus à l'hélium est le confort respiratoire qu'il procure et donc le risque moindre d'essouflement. Avec un recycleur nous respirons dans une boucle à iso-pression avec l'extérieur et la principale résistance provient de l'écoulement du gaz au travers de la cartouche de chaux. La faible densité de l'hélium permettra une meilleure circulation du gaz au travers du labyrinthe formés par les granulés de chaux. La légèreté de l’hélium facilitera le transport gazeux et sera également plus efficace dans l’évacuation du CO2 que l’azote.


Au vu de ces premiers éléments, on peut en déduire que l'hélium nous permettra de réduire et même d'éliminer les risques de narcose en profondeur. Ceci est également vrai avec un circuit ouvert au petit détail près que le mélange respiré dans la boucle d'un CCR est légèrement différent de celui présent dans la bouteille de diluant. Ce qui n'est pas le cas en circuit ouvert. La boucle est généralement à teneur moindre en hélium (mais plus riche en O2) que ce qui se trouve dans la bouteille de diluant. De plus comme la PpO2 est constante la proportion de chaque gaz est donc variable dans la boucle. On connaissait déjà ce phénomène avec un diluant air. Mais cela devient plus complexe dans une configuration multigaz. Il est, en effet, difficile de savoir quel est la fraction de chaque gaz surtout lors de la remonté et de la désaturation, non homogène, de ces derniers. Nous aurons l'occasion plus tard de voir comment varient ces gaz dans la boucle et/ou comment essayer de remédier à ce problème.


Avantage suivant, mais cette fois qui permet de compenser un inconvénient du recycleur, est la possibilité de plonger dans la zone des 50/60 mètres avec une PpO2 inférieure à celle que l'on aurait à l'air. En effet, si vous avez un diluant air, il faudra toujours faire attention à garder une PpO2 au moins égale à celle que vous auriez avec de l'air en circuit ouvert ou sinon vous vous retrouveriez avec un mélange surazoté et donc exagérément narcotique. Par exemple à 60 mètres avec un setpoint réglé sur 1,3 votre PpN2, avec un diluant air, serait de 5,7 bars (5,5 avec un circuit ouvert à l'air), ce qui correspond à un mélange à 18,6% d'O2 et 81,4% d'azote. Pour éviter cela avec un diluant air, on augmentera la valeur du setpoint (ou en fonctionnement en mode manuel par action sur l'inflateur d'oxygène) au maximum permit par le recycleur, soit 1,5 (avec de l'air en circuit ouvert la PpO2 à 60m est de 1,47 bars). Ceci présente cependant deux inconvénients majeurs. D'abord les cellules du recycleur ont une marge d'erreur de 0,05 bars, ce qui implique que la vraie PpO2 n'est peut-être que de 1,45, mais en plus le risque de montée rapide de la PpO2 suite à un problème du recycleur peut générer très rapidement une hyperoxie. Il est donc prudent d'éviter de jouer avec les limites de fonctionnement du reycleur (et accessoirement les limites physiologiques) et de se garder une marge confortable pour réagir suite à un éventuel dysfonctionnement. Cet exemple est d'autant plus vrai à 70 mètres qui est la limite en France pour les plongeurs trimix élémentaire.


Un autre point positif à mettre au profit du recycleur à circuit fermé est que le coût de gonflage et la consommation sont minimisées au maximum et il devient alors beaucoup plus facile et tentant de plonger au trimix sur des profondeurs habituellement faites à l'air. Un plongeur trimix circuit ouvert réfléchira, en effet, à deux fois (coût élevé) avant de faire remplir son 15 litres avec un mélange trimix normoxique alors qu'il faisait habituellement cette plongée à l'air.


Après avoir énuméré les plus, passons maintenant aux inconvénients. Le premier est lié à la nature intrinsèque de l'hélium. C'est un gaz qui diffuse environ 2,65 fois plus vite que l 'azote (vitesse de diffusion (He/N2) : 0,4998 / 0,1889) mais qui est moins soluble. L'azote est deux fois plus soluble que l'hélium. La première conséquence sera que les tissus satureront et désatureront plus vite à l'hélium qu'à l'air. Mais cela signifie également, qu'à même pression partielle (selon loi de Henry), on dissoudra plus d'azote dans les tissus que d'hélium. En corollaire cela impliquera une remontée plus lente pour évacuer l'hélium ainsi que des paliers plus profonds qu'avec l'air.


A cela pourrait s'ajouter potentiellement des problèmes de contre-diffusion isobare (mauvais choix dans un changement de gaz et qui génère une surcharge globale dans les tissus à isopression et donc potentiellement un accident de décompression) surtout présent en circuit ouvert lors des changements inadaptés de gaz.


A priori, la contre diffusion dite sur-saturante (et qui pourrait conduire à l'ADD) se produit quand on passe d'un mélange contenant une forte proportion d'azote à un mélange contenant une forte proportion d'hélium. C'est le cas pour la descente ou l'on peut démarrer sur un nitrox pour ensuite passer sur le Trimix fond. Mais dans ce cas cela ne sera pas génant car nous ne sommes pas en isobarie mais avec une pression partielle des gaz en augmentation régulière et de plus le changement peut se faire à faible profondeur (dès que le Tx devient respirable : PpO2 > 0,16b) et dans tous les cas avec une faible saturation en azote. Cependant en recycleur le problème ne se pose pas car il n'y pas de changement brutal de gaz et en surface le plongeur démarre avec un mélange à une faible fraction d'azote (setpoint à 0,7b de Pp02). L'autre cas pourrait se produire lors de la remontée si le plongeur repassait sur son mélange fond après avoir entamé sa déco avec des mélanges à plus forte concentration d'azote. Ce qui dans l'absolu ne devrait pas arriver sauf si le gaz de déco venait soudainement à manquer (perte de gaz).


Par contre, en plongée trimix, on a pu constater des cas d'ADD vestibulaire à la remontée suite aux changements de gaz. Problème lié à l'oreille interne et plus particulièrement à la cochlée et au vestibule qui sont remplis d'un liquide "l'endolymphe" où les échanges gazeux ne se feraient pas de façon optimale ou du moins différemment que dans le reste du corps et qui nous amènerait à un cas de CDI saturante. Les 2 gaz (hélium et azote) se retrouveraient en situation de sommation de leurs tensions et conduiraient à l'ADD.


Un autre souci que le plongeur rencontre à la remontée est le changement brutal d'un gaz léger vers lourd (hélium vers azote) mais que l'on ne peut pas ou difficillement expliquer par le phénomène de CDI. Il semblerait cependant que cela ne serait valable que dans le cadre de plongées longues et saturantes avec des charges en gaz importantes. Au final cela ne devrait pas ou peu concerner le plongeur sportif. Le changement brutal de gaz en recycleur ne se fera qu'en cas de passage sur bailout ou lors d'un changement de diluant (ce qui n'est pas conseillé).


Dans tous les cas, en plongée technique on limitera les hausses importantes de la fraction d'azote dans le mélange lors de la remontée. Par convention on limitera l'augmentation de la PpN2 à 10 ou 15% max lors des changements de gaz. Ceci se fera par un choix adapté des mélanges de déco ou bailout pour le plongeur recycleur (plusieurs décos ou utilisation d'un Tx intermédiaire voire d'un Triox) mais aussi en remontant un peu plus haut avec le gaz fond pour baisser la pression partielle des gaz lors du changement.


Si vous souhaitez approfondir vos connaissances sur la contre diffusion isobare je vous invite à lire le très bon article "Choix des mélanges à utiliser lors d'une plongée profonde" traduit par JM Belin et présent sur le site de www.plongeesout.com.


L'avantage avec le recycleur est que les plongées profondes ne nous imposent pas un changement de diluant au cours de la remontée comme c'est le cas en circuit ouvert. Et comme le recycleur fonctionne à PpO2 constante, le taux d'oxygène va augmenter graduellement et règulièrement au détriment des autres gaz qui eux vont diminuer de la même manière (mais dans quelles proportions ?). Certains plongeurs changent cependant de diluant (trimix vers air ce qui est déconseillé ou alors à faible profondeur), lors de plongées longues et saturantes pour diminuer la durée des paliers mais au risque de retrouver le problème énoncé précédemment. Le changement de diluant à la remontée présente donc peu d'intérêt et est même déconseillé. Autant rester simple et profiter de la décompression à PpO2 constante avec le même diluant. Pourquoi s'embêter avec un changement de gaz qui pourrait entraîner d'éventuels problèmes de matériel et des erreurs humaines toujours possibles ? De plus un changement de gaz impose de modifier les réglages de l'ordinateur de décompression. Autant éviter des manipulations en plongée juste pour grappiller quelques minutes de déco à part peut-être pour l'entraînement pour de futurs plongées engagées.


Autre inconvénient, encore lié à la nature de l'hélium, est sa conductibilité thermique (6 fois plus élevée que l'air.) qui peut être gênante si le mélange trimix est utilisé pour alimenter la combinaison sèche. Il est donc préférable d'utiliser un autre gaz embarqué moins conducteur (air, nitrox ou argon pour les plongées longues). A l'opposé, comme l'hélium est moins dense que l'air la perte de température par la respiration est moindre. Nous avions cependant déjà abordé ce problème plus spécifique aux plongeurs bouteille et qui ne nous affecte moins en recycleur grâce à la réaction exothermique de la chaux et à la ventilation dans une boucle en circuit fermé qui nous permet de respirer un mélange chaud et humide.


Dernier inconvénient de l'hélium est son coût élevé. Pour un plongeur en circuit ouvert la dépense en gaz est relativement élevée, mais en recycleur ce problème reste minime. Quand un plongeur en bi-bouteille gaspille allègrement plus de 3000 litres de gaz, en recycleur vous n'en aurez, tout au plus, consommé qu'une centaine de litres. Soit 30 fois moins. Tout cela sans compter les nitrox utilisées en décompression.
Pour exemple lors d'une plongée dans la zone 50/60m, je consomme environ 20 à 25 bars de trimix sur ma bouteille de 3 litres (quelque soit le temps de plongée). Je précise que j'utilise le trimix uniquement pour ma ventilation. La stab et la combi sèche sont alimentées par une bouteille supplémentaire remplie à l'air.


A la lecture de ce chapitre on s'aperçoit rapidement que les inconvénients de l'hélium s'estompent partiellement lorsqu'il est associé à un recycleur. Les principaux freins que sont le coût et la désaturation sont, quant à eux, minimisés au maximum. Certains pourront me dire que le coût du recycleur n'est pas négligeable dans la balance. Certe, mais ici on s'adresse à un public qui a déjà fait le choix, par passion, de plonger en recycleur et sans obligatoirement penser initialement à une utilisation trimix. Donc autant en profiter. De plus, dans le cadre de plongées profondes hypoxiques (très) régulières, l'excédent de coût du recycleur pourrait partiellement disparaître au profit de ce dernier. Nous verrons également, plus loin, que l'usage du trimix en recycleur peut considérablement réduire quelques grosses galères comme le remplissage (temps, complexité) des blocs en circuit ouvert.


 

Choix du diluant et du mélange bailout


Transfert de gaz
La préparation des mélanges

Avec un circuit ouvert et du fait que l'on respire directement le mélange contenu dans la bouteille, on cherchera à optimiser son mix en fonction de la profondeur d'évolution. Les deux critères principaux qui guideront le choix du mélange sont la PpO2 et la PpN2 max adaptées à la profondeur. En recycleur la problématique sera cependant différente.


Dans tous les cas la PpO2 ne devra pas être trop élevé pour limiter les risques d'hyperoxie que l'on connaît bien avec le nitrox mais aussi pour garder une marge vis à vis de la toxicité SNC pour faire ensuite sa déco avec des mélanges suroxygénés. Il ne faut pas oublier que le capital tolérance (à l'O2) est propre à chacun et peut varier d'un jour à l'autre. Ceci est d'autant plus vrai en recycleur où l'on fleurte plus facilement avec les limites de toxicité. Habituellement les plongeurs en circuit ouvert ne sont pas trop affectés par la toxicité O2 mais dans le cas de plongées profondes au trimix on cherchera naturellement à limiter sa saturation au maximum et nous aurons donc tendance à augmenter la fracton d'oxygène. En faisant un petit retour sur la table NOAA des durées de limite d'exposition on verra qu'il peut devenir, dans le contexte de plongées profondes, facile de fleurter avec ces limites voire de les dépasser. Pour une PpO2 de 1,6 bar la limite de durée, pour une plongée simple, est de 45mm.


Pour réduire cette exposition, la valeur max de PpO2, pour le mélange fond, est généralement de 1,3 voire même 1,1 ou 1,0 bar pour des plongées longues et suivant les écoles. Le niveau de PpO2 sera ensuite remonté lors des paliers afin de maximiser la désaturation. La PpN2 sera souvent comprise entre 3,2 et 3,5 bars voire moins, ce qui correspond à un équivalent narcose à l'air de 30 à 35 mètres. Personnellement, pour les plongées dans la limite de 70 mètres, j'ai choisi de garder la PpO2 par défaut du recycleur, soit 1,3 bar, et un équivalent narcose d'environ 30 mètres à l'air voire moins.
Une fois le choix du mélange final déterminé, il ne restera plus qu'à confectionner la mixture en injectant les différents gaz dans les bonnes proportions. (O2, He, air). L'analyse finale, avec les appareils ad hoc (analyseur O2/hélium), viendra confirmer la bonne préparation du mix.


Choix du diluant :


Comme on s'y attendait, en recycleur à circuit fermé, la problématique du mélange embarqué sera légèrement différente de celle en circuit ouvert.
Nous savons que dans notre eCCR la PpO2 est constante et maintenue, à la valeur choisie, par le recycleur. Le choix d'un diluant normoxique ne sera donc pas obligatoirement le plus adapté. En fait, seul l'équivalent narcose et donc la fraction d'azote et d'hélium nous intéressera car la PpO2 nous est imposée par le recycleur.
Par exemple, pour une plongée à 60 mètres, avec une PpO2 de 1,3 bars, le pourcentage d'O2 dans le mélange sera systématiquement de 1,3/7 = 18,5%. Avec un équivalent narcose de 30 mètres le mélange final ne devra pas avoir plus de 4 x 0,79 = 3,16 bars d'azote. Soit à 60 mètres 3,16/7 = 45,1% d'azote. Le complément sera de l'hélium. Soit 100% - 18% - 45% = 37%. Avec les paramètres choisis précédemment, le mix respiré, à 60 mètres, dans la boucle du recycleur serait un Tx18/37. Il faut remarquer que dans la boucle, ne veut pas dire dans la bouteille de diluant.


Pour le choix du diluant d'autres critères entreront en ligne de compte comme : la facilité de confection du mix et de l'analyse finale. Ces 2 derniers critères nous orienterons plutôt vers un mélange de type héliair que trimix classique.
L'héliair est un trimix un peu particulier mais facile à confectionner car composé d'hélium complété avec de l'air. Dans un héliair les proportions d’oxygène et d’azote restent intimement liées dans un rapport 21/79, parce que le complément à l’hélium est toujours de l’air lequel est constitué de 21% d’oxygène et de 79% d’azote.


Ceci veut dire qu'un de ses principaux avantages est qu'il est facile à analyser (avec précision) avec une simple sonde O2 car les proportions O2/N2 (21/79) sont toujours les mêmes. L'autre avantage et corollaire, est que l'héliair restant dans un bloc peut-être recomposé plusieurs fois avec de l'hélium et de l'air et donner un mélange final toujours aussi facile et précis à analyser que la première fois. Et toujours... avec un simple analyseur O2 !
Si nous désirons connaître la composition d'un héliair, il nous suffit alors d'en mesurer la fraction d'O2 et d'en déduire les proportions des autres gaz. Par exemple si l'analyse, à l'oxymètre, d'un héliair me donne une valeur de 10%, je sais par un rapide calcul que la proportion d'azote dans ce mélange est de N2 = 79/21 * 10 = 37,6%. Ce qui signifie que nous avons une fraction d'hélium de 100 - 37,6 - 10 = 52,4%. Soit un trimix 10/52. En fait, l'héliair nous apporte presque la facilité de confection et d'analyse d'un nitrox mais avec un trimix. Pour fabriquer un héliair 10/52 à 200 bars, il suffit de mettre 100 bars d'hélium puis enfin 100 bars d'air dans la bouteille.


De plus on constate que nous n'aurons à aucun moment à manipuler de l'O2 pur et par voie de conséquence, pas d'obligation d'utiliser un matériel compatible O2.
Un des derniers avantages de ce mélange que nous pouvons signaler, pour nous autres plongeurs recycleur, est que sa faible teneur en O2 nous permettra de faire baisser rapidemment la PpO2 dans la boucle (rinçage) en cas de montée brusque et accidentelle de celle-ci. Donc oui, le choix de l'héliair pour le recycleur est tout sauf d'être innocent.


Les avantages ne venant pas sans les inconvénients nous pourrons en citer quelques uns. L'héliair est un mélange systématiquement hypoxique et ne sera donc pas respirable (en direct) jusqu'à la surface. Mais cela concerne plus les plongeurs en circuit ouvert que les utilisateurs de recycleur. Attention cependant si vous avez un détendeur branché directement sur la bouteille de diluant.


Autre inconvénient qui concernerait, en apparence, les plongeurs en circuit ouvert mais qui nous touchera également fortement dès que nous serons amené à passer sur bailout. L'héliair, pour une plongée trimix normoxique, n'est pas un mélange optimisé en rapport avec le besoin. Il sera particulièrement plus saturant qu'un mélange optimisé. L'héliair ne sera donc pas obligatoirement un bon choix pour le bailout.


En conclusion, le choix du diluant pour un recycleur à circuit fermé sera généralement un héliair. Dans la pratique et pour mes plongées (trimix normo voire légèrement hypo -80mètres- ) loisir mon choix va vers les héliairs 10/50 et 8/60. Le 10/50 restant mon mix standard. Ce dernier mélange se confectionne simplement en transvasant 100 bars d'hélium (75 bars d'hélium pour le 13/38) puis le reste à l'air jusqu'à 200 bars. Soit en clair, 100 bars d'hélium et 100 bars d'air.
Avec un circuit ouvert à 70 mètres, la profondeur équivalente narcose du Tx 10/50 sera de 30 mètres et la PpO2 de 0,8 bars. Dans la boucle d'un recycleur à circuit fermé le mélange Tx10/50 s'en trouve modifié et devient, avec une PpO2 de 1,3 bars, un Tx 16/46 avec une profondeur équivalente narcose de 28 mètres.


Petite précision, les critères de choix du diluant seront non seulement fait en fonction de la profondeur mais aussi en tenant compte d'autres paramètres comme les conditions de la plongée. Par exemple, sur une plongée difficile en hiver avec courant et eau froide on pourra choisir un mix plus fortement dosé en hélium que si on fait la même plongée en été avec mer calme et une eau à 24°C.
Le mix se fait également quelquefois pour des raisons purement pratique avec, par exemple, ce qu'il reste dans la bouteille d'hélium. Si il me reste 80 bars d'hélium dans ma B50, je ne vais pas obligatoirement sortir le booster pour monter la pression à 100 bars si l'objectif est de faire tranquillement le pont du Togo. Je tiens cependant à signaler que cette dernière remarque concerne principalement ce que j'appellerais les plongées trimix de confort (zone des 40/50 mètres au trimix). C'est à dire une plongée que je pourrais faire au diluant air mais que je préfère réaliser avec du trimix afin d'être plus clair.
Il va de soit que si je souhaitais planifier une plongée à 60/70 mètres en eau froide, je prendrais le soin et le temps de me confectionner le best mix. Le tout est de toujours être conscient des choix réalisés et des conséquences qui en découlent.


Le dernier point que j'ajouterais à ce chapitre est que j'attendais avec impatience de goûter au trimix et de faire la formation afin de trouver une solution pour les plongées profondes au recycleur dans la zone 50/60. Ceci pour des raisons évidentes de sécurité que j'ai déjà expliqué dans un chapitre précédent sur les limites de fonctionnement d'un eCCR en plongée profonde à l'air. A 50 ou 60 mètres, un circuit ouvert à l'air est, en effet, largement plus conseillé. Depuis ma formation trimix, j'ai pris la (bonne) résolution de limiter mes incursions, au diluant air, à la profondeur de 45 mètres. Cette profondeur revient, avec un setpoint de 1,3 et en prenant en compte la marge de 0,05 bar des cellules O2 (soit 1,25 bars), à respirer un nitrox 22,7 dans la boucle respiratoire du recycleur (1,25/5,5). Soit, à peu de chose près, de l'air dans la boucle.
Je sais bien qu'il ne faut jamais dire "jamais", mais en y réfléchissant bien, il est facile de comprendre que faire une 60 mètres avec un eCCR reste une prise de risque inutile ou à faire uniquement avec de très bonnes raisons. Je tiens d'ailleurs à préciser que depuis que j'utilise de l'hélium dans mon diluant pour mes plongées profondes, je suis non seulement beaucoup plus clair mais aussi plus serein.


Pour m'aider dans la confection des mélanges, je me suis créé quelques tableaux afin de trouver rapidemment la pression d'hélium (tableau ci-dessous, colonne de gauche) à mettre dans ma bouteille de diluant pour avoir le trimix final désiré (les 2 colonnes de droite). Le complément est à faire à l'air jusqu'à une pression de 200 bars (à froid).


Fabrication d'un Héliair (200 bars)
Pression
Hélium (Bars)
Trimix résultant
O2
He
50
15,8
25,0
55
15,2
27,5
60
14,7
30,0
70
13,7
35,0
75
13,1
37,5
80
12,6
40,0
85
12,1
42,5
90
11,6
45,0
95
11,0
47,5
100
10,5
50,0
110
9,5
55,0

Le tableau ci-dessous permet de connaître le trimix respiré dans la boucle en fonction de celui présent dans la bouteille de diluant. Les valeurs indiquées dans ce tableau sont données pour une profondeur de 60 mètres et un setpoint recycleur réglé sur 1,3.


60m, Setpoint=1,3
Trimix diluant
Trimix respiré
O2
He
O2
He
END
10
50
18,57
45,24
22,1
15
50
18,57
47,90
19,7
20
50
18,57
50,89
17,1
10
45
18,57
40,71
26,1
15
45
18,57
43,11
24,0
20
45
18,57
45,80
21,6
10
40
18,57
36,19
30,1
15
40
18,57
38,32
28,2
20
40
18,57
40,71
26,1
10
35
18,57
31,67
34,1
15
35
18,57
33,53
32,4
20
35
18,57
35,63
30,6
15
30
18,57
28,74
36,7

 


Choix du mélange bailout :


Après avoir exposé les considérations propres au diluant trimix d'un recycleur, nous allons maintenant nous pencher sur les mélanges utilisées pour le (ou les) bailout en cas de disfonctionnement du recycleur.


Pour une plongée trimix qui par définition est souvent profonde (au sens loisir normoxique du terme), le choix du bailout sera fonction de la profondeur maximale atteinte mais devra également nous permettre de remonter jusqu'à la surface (cas ou l'on utilise qu'un seul bailout) tout en effectuant l'ensemble des paliers prévus par le Run Time ou l'ordinateur. Je rappelle aux lecteurs que nous restons dans le cadre de plongées loisirs (sportives) réalisées au trimix normoxique. Pour une plongée (full) trimix, la définition précédente deviendra caduque car le mélange fond ne sera certainement pas respirable à la surface.


Un autre critère à prendre en compte est qu'en fonction des paramètres temps/profondeur de la plongée réalisée, le mélange fond devra être capable de nous remonter jusqu'à la surface, mais encore dans de bonnes conditions pour que le retour soit humainement possible. Il faudra donc peut-être envisager de passer par l'intermédiaire d'autres mélanges afin d'optimiser au mieux la décompression et limiter le temps passé au palier. L'optimisation recherchée sera certainement un savant compromis entre la quantité de matériel emportée et le temps que l'on acceptera de passer au palier. Le premier étant inversement proportionnel au second.
Dans cette phase de préparation de la plongée, les logiciels de décompression nous serons d'un grand secours pour trouver le meilleur compromis. Dans un premier temps et pour des plongées raisonnables dans un esprit loisir (équipement léger), on peut envisager qu'un seul bloc de secours sera suffisant.


Les critères de choix du bailout seront légèrement différents de ceux faits pour un mélange fond en circuit ouvert. Typiquement la PpO2 max du mélange bailout sera choisie au plus près pour limiter au maximum la saturation et même démarrer la désaturation. Pour un trimix fond avec un circuit ouvert, on aurait limité la PpO2 à 1,3 ou 1,4 voire moins pour garder une marge suffisante vis à vis de la toxicité de l'O2. Pour le bailout les critères de choix ne sont pas tout à fait les mêmes. Dans le même esprit, si nous cherchons à limiter la saturation, il nous faudra aussi peut-être diminuer un peu la fraction d'hélium du mélange mais sans que ce dernier soit beaucoup plus narcotique que celui utilisé avec le recycleur. Comme vu dans le chapitre précédent on évitera (ou au moins limiter) les pics d'azote importants au moment du passage sur bailout(s).


Prenons comme exemple une plongée recycleur à 50 mètres avec une durée de 20 minutes, suivi d'un passage sur bailout. Le recycleur est réglé avec un setpoint de 1,3 bar et le diluant est un héliair 10/50. Notre plongeur recycleur utilise un ordinateur avec soft Buhlmann GF.


Calculons d'abord quel sera le trimix optimisé pour notre bailout. Nous prendrons comme premier paramètre une PpO2 max de 1,5 à 50 mètres, ce qui nous laisse une petite tolérance hyperoxique sachant que le bailout n'est pas prévu pour rester au fond (et donc n'a pas les caractéristiques d'un mélange fond) mais pour quitter le fond tout en démarrant la désaturation. Le second paramètre à prendre en compte sera de réduire la fraction d'hélium dans le mélange mais tout en évitant un pic d'azote trop important au moment de la prise du bailout et aussi pour garder un équivalent narcose proche. Le plus simple étant de garder un pourcentage d'azote dans le mélange bailout proche ou à peine supérieur à celui respiré au fond.


En partant de notre diluant héliair 10/50 et avec un PpO2 à 1,3b le mélange dans la boucle correspond à un Tx21/43. Comme défini précédemment on calcule la fraction d'oxygène dans le bailout pour une PpO2 de 1,5b à 50m soit 1,5/6 = 25%. Si nous gardons une fraction d'azote identique dans le bailout, soit 40%, la fraction d'hélium sera quant à elle de 35%. Notre mélange résultant sera donc un trimix 25/35 et il pourra servir jusqu'à la surface mais au prix d'un temps de décompression relativement long. Il sera également possible de passer par un nitrox intermédiaire (travel mix) et final ou directement à de l'O2 pur pour les derniers paliers.


Voici le profil de la plongée entièrement réalisé avec le recycleur, logiciel MVplan avec GF 60/80 :


Configuration : GF=60-80
===================================================
DESC: 50m for 02:30 [ 3] on Trimix 10/50, SP: 1,3, END: 16m
DIVE: 50m for 17:30 [ 20] on Trimix 10/50, SP: 1,3, END: 16m
ASC : 15m for 03:30 [ 24] on Trimix 10/50, SP: 1,3, END: 0m
DECO: 15m for 01:29 [ 25] on Trimix 10/50, SP: 1,3, END: 0m M-Value: 79% [04], GF: 64%
DECO: 12m for 02:00 [ 27] on Trimix 10/50, SP: 1,3, END: 0m M-Value: 81% [04], GF: 68%
DECO: 9m for 02:00 [ 29] on Trimix 10/50, SP: 1,3, END: 0m M-Value: 83% [05], GF: 72%
DECO: 6m for 05:00 [ 34] on Trimix 10/50, SP: 1,3, END: 0m M-Value: 87% [05], GF: 76%
DECO: 3m for 07:00 [ 41] on Trimix 10/50, SP: 1,3, END: 0m M-Value: 88% [06], GF: 80%


Maintenant le même profil réalisé avec le recycleur (20mn) mais cette fois suivi du passage sur le bailout Tx 25/35 pour la remontée :


Configuration : GF=60-80
===================================================
DESC: 50m for 02:30 [ 3] on Trimix 10/50, SP: 1,3, END: 16m
DIVE: 50m for 17:30 [ 20] on Trimix 10/50, SP: 1,3, END: 16m
ASC : 15m for 03:30 [ 24] on Trimix 25/35, SP: 0,0, END: 3m
DECO: 15m for 01:29 [ 25] on Trimix 25/35, SP: 0,0, END: 3m M-Value: 79% [04], GF: 64%
DECO: 12m for 03:00 [ 28] on Trimix 25/35, SP: 0,0, END: 1m M-Value: 83% [04], GF: 68%
DECO: 9m for 04:00 [ 32] on Trimix 25/35, SP: 0,0, END: 0m M-Value: 84% [04], GF: 72%
DECO: 6m for 09:00 [ 41] on Trimix 25/35, SP: 0,0, END: 0m M-Value: 88% [05], GF: 76%
DECO: 3m for 20:00 [ 61] on Trimix 25/35, SP: 0,0, END: 0m M-Value: 90% [07], GF: 80%


Avec le bailout nous mettons 2 fois plus de temps (nous passons de 21 à 41mn de déco) pour retrouver la surface. Cependant, cela reste un temps acceptable.


Refaisons maintenant le même exercice, mais cette fois-ci à 70 mètres/20 minutes avec un hélair 10/50 en diluant et toujours avec le recycleur réglé avec un setpoint de 1,3 bar.


Configuration : GF=60-80
===================================================
DESC: 70m for 03:30 [ 4] on Trimix 10/50, SP: 1,3, END: 28m
DIVE: 70m for 16:30 [ 20] on Trimix 10/50, SP: 1,3, END: 28m
ASC : 27m for 04:17 [ 24] on Trimix 10/50, SP: 1,3, END: 4m
DECO: 27m for 00:41 [ 25] on Trimix 10/50, SP: 1,3, END: 4m M-Value: 79% [03], GF: 62%
DECO: 24m for 01:00 [ 26] on Trimix 10/50, SP: 1,3, END: 2m M-Value: 83% [04], GF: 64%
DECO: 21m for 02:00 [ 28] on Trimix 10/50, SP: 1,3, END: 0m M-Value: 86% [04], GF: 67%
DECO: 18m for 02:00 [ 30] on Trimix 10/50, SP: 1,3, END: 0m M-Value: 86% [04], GF: 69%
DECO: 15m for 03:00 [ 33] on Trimix 10/50, SP: 1,3, END: 0m M-Value: 88% [05], GF: 71%
DECO: 12m for 05:00 [ 38] on Trimix 10/50, SP: 1,3, END: 0m M-Value: 89% [05], GF: 73%
DECO: 9m for 05:00 [ 43] on Trimix 10/50, SP: 1,3, END: 0m M-Value: 88% [06], GF: 76%
DECO: 6m for 09:00 [ 52] on Trimix 10/50, SP: 1,3, END: 0m M-Value: 91% [07], GF: 78%
DECO: 3m for 14:00 [ 66] on Trimix 10/50, SP: 1,3, END: 0m M-Value: 91% [08], GF: 80%


Calculons le trimix optimisé pour notre bailout. Nous prendrons toujours comme paramètre une PpO2 max de 1,5 à 70 mètres. Nous en déduisons que la fraction d'O2 du mélange bailout sera de 18%. Le mélange respiré dans la boucle du recycleur est un Tx 16/46 (azote : 38%). Pour retomber sur un équivalent narcose identique, notre mélange bailout final sera donc un Tx 18/44. Afin de réduire la fraction d'hélium de façon plus conséquente nous pouvons élever un peu le taux d'azote tout en gardant un équivalent narcose raisonnable à 35m (28m avec le diluant 10/50). La fraction d'azote résultante passera de 38% à 44% soit une augmentation de 16% de la fraction d'azote, ce qui reste raisonnable. Le trimix résultant sera un Tx18/38.


Configuration : GF=60-80
===================================================
DESC: 70m for 03:30 [ 4] on Trimix 10/50, SP: 1,3, END: 28m
DIVE: 70m for 16:30 [ 20] on Trimix 10/50, SP: 1,3, END: 28m
ASC : 27m for 04:17 [ 24] on Trimix 18/38, SP: 0,0, END: 11m
DECO: 27m for 00:41 [ 25] on Trimix 18/38, SP: 0,0, END: 11m M-Value: 79% [03], GF: 62%
DECO: 24m for 02:00 [ 27] on Trimix 18/38, SP: 0,0, END: 9m M-Value: 83% [04], GF: 64%
DECO: 21m for 02:00 [ 29] on Trimix 18/38, SP: 0,0, END: 7m M-Value: 85% [04], GF: 67%
DECO: 18m for 04:00 [ 33] on Trimix 18/38, SP: 0,0, END: 6m M-Value: 87% [04], GF: 69%
DECO: 15m for 04:00 [ 37] on Trimix 18/38, SP: 0,0, END: 4m M-Value: 87% [05], GF: 71%
DECO: 12m for 09:00 [ 46] on Trimix 18/38, SP: 0,0, END: 2m M-Value: 90% [06], GF: 73%
DECO: 9m for 13:00 [ 59] on Trimix 18/38, SP: 0,0, END: 1m M-Value: 89% [06], GF: 76%
DECO: 6m for 24:00 [ 83] on Trimix 18/38, SP: 0,0, END: 0m M-Value: 91% [07], GF: 78%
DECO: 3m for 64:00 [147] on Trimix 18/38, SP: 0,0, END: 0m M-Value: 92% [08], GF: 80%


Consommation de gaz basée sur VRM Plongée =20.0, VRM Déco =20.0L/min
Trimix 18/38 : 4560.9L


Cette fois-ci, avec une consommation de 20L/mn, le retour en surface avec notre seul bailout n'est pas réalisable. Nous serons donc obligé, soit d'avoir recours à un mélange nitrox de déco pour raccourcir les paliers soit à réduire de façon significative notre temps de plongée. Nous pouvons également utiliser 2 nitrox pour la décompression. En premier un mélange intermédiare (Nx50) aussi appelé "Travel mix" que nous pourrons utiliser à partir du palier de 21 mètres et jusqu'au palier suivant pour le second mix à l'O2 pur (6 et 3 mètres) pour finaliser la déco. L'O2 sur les derniers paliers nous permetttra surtout de réduire significativement leur durée.


Voici une nouvelle proposition avec un seul bailout de nitrox 50 pour entamer une déco à partir de 21 mètres.


Configuration : GF=60-80
===================================================
DESC: 70m for 03:30 [ 4] on Trimix 10/50, SP: 1,3, END: 28m
DIVE: 70m for 16:30 [ 20] on Trimix 10/50, SP: 1,3, END: 28m
ASC : 27m for 04:17 [ 24] on Trimix 18/38, SP: 0,0, END: 11m
DECO: 27m for 00:41 [ 25] on Trimix 18/38, SP: 0,0, END: 11m M-Value: 79% [03], GF: 62%
DECO: 24m for 02:00 [ 27] on Trimix 18/38, SP: 0,0, END: 9m M-Value: 83% [04], GF: 64%
DECO: 21m for 02:00 [ 29] on Nitrox 50, SP: 0,0, END: 10m M-Value: 85% [04], GF: 67%
DECO: 18m for 01:00 [ 30] on Nitrox 50, SP: 0,0, END: 8m M-Value: 83% [04], GF: 69%
DECO: 15m for 03:00 [ 33] on Nitrox 50, SP: 0,0, END: 6m M-Value: 88% [05], GF: 71%
DECO: 12m for 04:00 [ 37] on Nitrox 50, SP: 0,0, END: 4m M-Value: 88% [05], GF: 73%
DECO: 9m for 06:00 [ 43] on Nitrox 50, SP: 0,0, END: 2m M-Value: 89% [06], GF: 76%
DECO: 6m for 10:00 [ 53] on Nitrox 50, SP: 0,0, END: 0m M-Value: 90% [07], GF: 78%
DECO: 3m for 19:00 [ 72] on Nitrox 50, SP: 0,0, END: 0m M-Value: 91% [08], GF: 80%


Consommation de gaz basée sur VRM Plongée =20.0, VRM Déco =20.0L/min
Nitrox 50 : 1548.0L
Trimix 18/38 : 690.9L


Avec un bailout 7 litres pour le trimix et une S80 (11,1 litres) pour le nitrox 50, on remonte en toute sécurité à la surface.


Le nitrox 50 employé permet au temps de déco de diminuer dans de fortes proportions (2,44). Cela nous fera tout de même 52mn de palier tout en sachant que nous sommes dans une procédure de secours qui se doit de rester exceptionnelle. Comme expliqué précédemment l'emploi de l'O2 à 6 et 3 mètres permettra de réduire ce temps mais au prix d'un bailout supplémentaire.


Ces quelques exemples nous ont permis de mettre en évidence que la durée d'une remontée sur bailout est loin d'être négligeable et que le plongeur recycleur (ou même circuit ouvert) risque rapidement de se transformer en cosmonaute pour quelques minutes supplémentaires passées au fond. Je vous laisse imaginer quelle sera la logistique pour une plongée à cent mètres et plus ainsi que les temps de décompression associés.


 

Décompression Ordinateur / Run Time


Dans un autre chapitre de ce site web, nous avons déjà abordé le choix des moyens de décompression (tables, ordinateurs, etc.) utilisés pour la plongée recycleur avec un diluant air. Nous avons vu que dans ce dernier cas le choix d'un moyen de décompression peut être relativement facile et à moindre coût quant il suffit simplement de garder celui que nous utilisons en plongée nitrox en circuit ouvert. Même si un simple ordinateur nitrox ne permet pas d'optimiser la plongée recycleur, il pourra tout de même faire l'affaire particulièrement si il est multi-gaz. Et même dans le cas du multi-gaz les plongées se feront avec une marge de sécurité confortable. Pour une utilisation en recycleur circuit fermé, l'idéal est tout de même de faire l'acquisition d'un ordinateur à PpO2 constante comme les VR3, Shearwater, OSTC ou équivalents.


Les paliers, un grand moment de patience !
Les paliers, un grand moment
de patience !

Dans le cadre de la plongée aux mélanges ternaires, il est cependant toujours possible, dans certaines mesures, de faire appel à des moyens conventionnels air/nitrox en adoptant une procédure adaptée.


Commençons donc simplement et toujours dans le cadre de plongées au trimix normoxique. La meilleure façon d'apprendre et/ou d'améliorer ses connaissances en matière de décompression est encore de lire les nombreux articles édités sur le sujet et plus particulièrement ceux d'Erik C. Baker (Baker_clarifier_la_confusion_regnant_autour_des_paliers_profonds.pdf, baker_comprendre_les_m_values.pdf) que l'on peut retrouver facilement sur le web dans la langue de shakespeare ou en Français (traduction J.M. Belin). Vous pouvez également lire l'excellent dossier "Les dessous de la décompresssion" de J.M. Belin qui s'appuie sur de nombreux articles traduits de l'anglais et qui nous explique tous les grands principes de la décompression. Un grand merci à J.M. Belin pour le formidable travail accompli.


Une autre façon pour apprendre et mesurer les écarts entre une plongée réalisée à l'air et au trimix, est de tester les nombreux logiciels de décompression que l'on peut trouver sur le web. La majorité de ces logiciels fonctionnent avec un modèle de décompression Buhlmann mais aussi avec le modèle à Perméabilité Variable VPM. Le modèle Buhlmann a largement fait ses preuves dans le cadre de plongées effectuées à l'air et au trimix et reste toujours d'actualité. Le modèle VPM est quant à lui plus particulièrement adapté à la plongée trimix.


La pratique de ces logiciels est, en effet, très instructive et pédagogique car elle nous permet en quelques clics de simuler tous les types de plongées et très rapidemment de se rendre compte de l'incidence de chaque paramètre sur la décompression. Il est d'ailleurs vivement conseillé de se documenter avant de tester les différents paramètres afin d'en comprendre l'intérêt. Pour ma part, je reste fidèle aux modèles testés et éprouvés comme les Buhlmanns qui de plus ont le gros avantage d'être compatible avec le soft de mon VR3 mais aussi avec celui de la console Vision de l'Inspiration comme de nombreux autres ordinateurs (Shearwater, OSTC, Liquivision, etc.). Un rapide test avec un logiciel de décompression à algorithme Buhlmann et pour une plongée avec un mélange à faible teneur en hélium (<30%), nous montre que la décompression est très proche de celle que l'on aurait à l'air. Ceci parait d'ailleurs tout à fait logique dans la mesure où l'hélium reste en quantité faible et influence peu les paramètres de la décompression. L'azote reste alors le gaz (directeur) prédominant qui guidera l'essentiel des arrêts lors de la remontée.


Cette dernière constatation (décompression trimix et air proche) pour les plongées à faible teneur en hélium est d'ailleurs, en partie, à l'origine de la création de la formation trimix normoxique (également appelé trimix élémentaire). Beaucoup de plongeurs souhaiteraient, en effet, se lancer dans la plongée trimix mais sans en subir les inconvénients financiers, comme l'achat d'un nouvel ordinateur trimix, ou encore la complexité apparente. De plus, en matière de décompression avec un mélange contenant moins de 30% d'hélium, il existe un consensus pour s'accorder que l'on peut utiliser les moyens conventionnels de décompression de la plongée à l'air mais avec une vitesse de remontée lente (9 à 10m/mn) et, au moins, un palier à mi-profondeur pour favoriser l'évacuation de l'hélium. Une autre méthode très usitée est celle des paliers profonds de type "Pyle stop" avec les softs Buhlmann.


Juste une aparté concernant les paliers profonds à l'air. Ces derniers temps les paliers profonds sont un peu devenus à la mode et de plus en plus de plongeurs profonds les pratiquent en argumentant une fatigue moindre à la sortie et sous le prétexte que plus de paliers ne peuvent pas nuire à la santé. Une étude intéressante a été effectuée (et parue en 2005) sur la base des tables MN90 et suivant 2 protocoles qui mettent en place des paliers profonds (demie profondeur) et des vitesses de remontée moindre. A la fin de chaque plongée des mesures, par 2 méthodes au Doppler, ont été réalisées pour mesurer les bulles circulantes et comparées par rapport à une utilisation stricte des tables MN90.
Les deux méthodes ont montré un taux de bulles circulantes supérieur à ce que l'on trouve avec une utilisation normale des MN90. Pire, une des méthodes à été interrompue à cause de sa dangerosité.


Plongée en recycleur sur le Togo
Plongée en recycleur sur le Togo

La conclusion que l'on peut lire est la suivante :
cette étude a confirmé la validité de la table MN90 en terme de niveau de bulles. Deux procédures de décompression intégrant des paliers profonds n'ont pas montré de bénéfice par rapport à la table MN 90, table « classique » de modèle haldanien. Le concept de paliers profonds en décompression humaine mérite confirmation pour la plongée profonde à l'air.


Pour terminer sur cette étude nous pouvons dire qu'elle a juste montré que dans le cadre d'une décompression avec les tables MN90, les paliers profonds n'ont pas prouvé leur utilité. De là, il est difficile d' extrapoler vers un autre modèle de décompression, mais cela devrait nous inciter à être prudent avec les méthodes qui paraissent ça et là sur le web.


Pour l'exemple, voici deux profils d'une plongée de 30 minutes réalisée à 50 mètres avec le logiciel MVplan (GF 80/80) et avec un diluant air puis héliair 15/30. Je garde exprès un GF80/80, à des fins de comparaison, pour les deux profils même si dans le cas du trimix un GF50/80 serait plutôt plus approprié. Concernant le choix de l'héliair 15/30, nous avons déjà abordé le sujet du diluant dans le chapitre précédent et de la commodité et facilité de confection d'un tel mélange (Tx15/30 = 60 bars d'hélium et complément à l'air) et qui de plus avec le recycleur réglé sur un setpoint de 1,3 devient, dans la boucle, un mélange Tx21/27.


Plongée avec le diluant Tx15/30 :


Configuration : GF=80-80
===================================================
DESC: 50m for 02:30 [ 3] on Trimix 15/30, SP: 1,3, END: 28m
DIVE: 50m for 27:30 [ 30] on Trimix 15/30, SP: 1,3, END: 28m
ASC : 15m for 03:30 [ 34] on Trimix 15/30, SP: 1,3, END: 0m
DECO: 15m for 01:30 [ 35] on Trimix 15/30, SP: 1,3, END: 0m M-Value: 85% [04], GF: 80%
DECO: 12m for 02:00 [ 37] on Trimix 15/30, SP: 1,3, END: 0m M-Value: 89% [04], GF: 80%
DECO: 9m for 05:00 [ 42] on Trimix 15/30, SP: 1,3, END: 0m M-Value: 92% [05], GF: 80%
DECO: 6m for 07:00 [ 49] on Trimix 15/30, SP: 1,3, END: 0m M-Value: 91% [06], GF: 80%
DECO: 3m for 11:00 [ 60] on Trimix 15/30, SP: 1,3, END: 0m M-Value: 91% [07], GF: 80%


La même plongée mais avec le diluant air :


Configuration : GF=80-80
===================================================
DESC: 50m for 02:30 [ 3] on Air, SP: 1,3, END: 49m
DIVE: 50m for 27:30 [ 30] on Air, SP: 1,3, END: 49m
ASC : 15m for 03:30 [ 34] on Air, SP: 1,3, END: 5m
DECO: 15m for 01:30 [ 35] on Air, SP: 1,3, END: 5m M-Value: 85% [03], GF: 80%
DECO: 12m for 03:00 [ 38] on Air, SP: 1,3, END: 1m M-Value: 88% [03], GF: 80%
DECO: 9m for 04:00 [ 42] on Air, SP: 1,3, END: 0m M-Value: 91% [04], GF: 80%
DECO: 6m for 06:00 [ 48] on Air, SP: 1,3, END: 0m M-Value: 91% [04], GF: 80%
DECO: 3m for 11:00 [ 59] on Air, SP: 1,3, END: 0m M-Value: 92% [05], GF: 80%


Dernière photo avant le retour vers la surface
Dernière photo avant le
retour vers la surface

Je tiens à signaler que cette simulation de plongée à l'air est juste là pour montrer le faible écart entre les deux profils car comme je l'ai déjà signalé dans d'autres chapitres, l'Inspiration, comme tous les CCR d'ailleurs, est homologué (à juste titre) pour une profondeur de 40 mètres avec un diluant air. Le faible coût de remplissage d'une bouteille de 3 litres avec du trimix ne vaut d'ailleurs pas le coup de s'en priver au delà de 40m.


Nous constatons donc que ces deux profils restent extrèmement proche au point de se dire qu'un ordinateur air pourrait très bien faire l'affaire (moyennant peut être quelques corrections du profil en fonction de l'ordinateur utilisé) pour une plongée à faible teneur en hélium.


En conclusion, les logiciels nous permettrons, dans un premier temps, de définir rapidement le profil de la décompression et d'établir les run times adéquats que nous pourrons inscrire sur une tablette ou sous forme de tableaux plastifiés à emporter avec soi en plongée. Il ne faudra également pas oublier de définir, en plus du run time pour la plongée planifiée, d'autres pour d'éventuels dérapages (en temps et profondeur).


Dans la pratique, nous garderons généralement les Run Times comme moyen de décompression de secours ou comme dans mon cas, si vous êtes allergique aux Run Times, il vous reste la solution d'investir dans un second ordinateur. Pour la plongée Trimix avec mon Inspiration, je suis la décompression indiquée par l'ordinateur Vision intégré à la console en association avec mon VR3 C4 VGM en redondance.


Pendant de longues années ou j'utilisais un Inspiration à électronique Classic le VR3 était mon ordinateur principal et j'utilisais en backup un simple SUUNTO VYTEC réglé avec ses 3 gaz (prélablement paramétré pour coller au plus prêt du VR3 + paliers profonds à la mode Pyle) ou encore en simple timer avec les Run Times en secours.


 

La formation Trimix Elémentaire (normoxique)


Comme expliqué dans le premier chapitre sur les limitations, je n'aborderais ici que la formation trimix élémentaire (ou normoxique). Dans ce chapitre je ne vais pas aborder dans le détail l'intégralité du contenu de la formation, mais juste en décrire les grandes lignes (avec peut-être quelques détails ici et là) pour que vous puissiez en avoir un aperçu suffisamment large et exhaustif et afin d'en percevoir aussi les limites.


Il existe plusieurs façons d'aborder la formation trimix sur recycleur en fonction de vos besoins et desideratas mais aussi des choix et expérience de l'instructeur qui vous formera.


La première manière est de suivre intégralement le cursus trimix élémentaire en circuit ouvert puis d'enchaîner sur un second pour apprendre les spécificités d'une utilisation avec le recycleur souhaité. La seconde possibilité est de suivre une formation mixte (circuit ouvert et circuit fermé) en décrivant les caractéristiques propres à chaque configuration. Avec cette dernière solution le formateur donnera généralement une priorité à un des modes de fonctionnement (plutôt le circuit fermé) et fera des apartés pour l'autre. Il pourra également terminer la formation par un module complémentaire pour aborder plus précisément la seconde configuration.
Le choix du type de formation que vous déciderez de suivre dépend non seulement de vos orientations personnels mais aussi de l'approche et de l'expérience de votre instructeur dans ce domaine. A vous de discuter avec les formateurs potentiels que vous aurez sélectionnés afin de trouver la formation et/ou la philosophie correspondant le mieux à vos aspirations. Aujourd'hui beaucoup de formateurs trimix sur recycleur Inspiration le sont également sur circuit ouvert. Votre instructeur sera donc le mieux placé pour vous expliquer la meilleure démarche à envisager.


Pour mes plongées trimix, j'ai fait le choix de me limiter principalement à l'utilisation du recycleur. Pour cette raison, je n'ai pas souhaité faire une formation complète et spécifique sur les pratiques en circuit ouvert mais plutôt un combiné des deux. Quoiqu'il en soit, beaucoup d'aspects sont similaires voire identiques en recycleur et en circuit ouvert. Seul les éléments relatifs au matériel présentent des différences. Sachant qu'avec un recycleur vous pourrez toujours être amené à passer sur circuit ouvert, la pratique et/ou les caractéristiques de ce dernier seront de toutes façons enseignées et fortement utiles.
Généralement les formations trimix élémentaire se déroulent sur 4/5 jours avec 5 à 7 plongées que ce soit en circuit ouvert ou fermé. Une journée supplémentaire, avec plongée bouteille, pourra être plus particulièrement réservée aux aspects spécifiques au circuit ouvert pour ceux qui ont choisi la formule combinée. Bref, à vous de faire votre choix de formation après discussions et lectures sur le sujet.


Concernant les certifications (qualifications en France) je suppose que vous prévoyez de recevoir la qualification de plongeur recycleur trimix élémentaire. Mais n'oubliez pas que nous sommes en France et qu'il vous faudra également demander à votre formateur la qualification (française) circuit ouvert trimix élémentaire pour pouvoir plonger en toute quiétude même si le code du sport ne le précise pas explicitement. En effet, actuellement, en France, la qualification circuit ouvert d'un des organismes Français (ou CMAS) est souvent demandée pour pouvoir plonger au trimix avec un recycleur. Pour votre futur formation recycleur trimix hypoxique il y a également de fortes chances que la qualification normoxique circuit ouvert vous soit demandée. Donc n'oubliez pas de vous renseigner auprès de votre instructeur avant d'entamer la formation.


Les certifications recycleur comme les formateurs sont, pour l'instant, principalement TDI ou IANTD mais aussi FFESSM. Dans le cas des recycleurs APD vous aurez donc la possibilité de demander une carte FFESSM Inspiration Vision Trimix Elementaire. Aujourd'hui les cursus recycleur circuit fermé disponibles à la FFESSM restent très limités et il y a peu de chance que d'autres grands recycleurs comme le Megalodon, le rEvo ou encore le JJ-CCR soient également proposés. Cependant depuis la version 2012 du Code du Sport une certification reconnue par le fabricant est suffisante et la qualification FFESSM reste donc optionnelle.
Un point très important dans les formations trimix est de s'assurer du sérieux et de l'expérience réelle (et régulière en plongée trimix profonde) de votre instructeur mais aussi de la qualité de la formation mise en oeuvre.


Avec la formation trimix vous étendrez encore plus votre horizon mais cela apportera également de nouvelles contraintes (liés au gaz employé, au matériel supplémentaire embarqué, à la profondeur d'évolution) qu'il faudra apprendre à maîtriser. Cela va se traduire par une nouvelle étape de formation personnelle qui devra être progressive avant de se lancer à l'assaut des grands fonds.


Dans un premier temps vous ferez certainement les mêmes plongées que vous faisiez auparavant mais avec un mélange trimix. Cette pemière approche vous permettra de vous familiariser avec les procédures propres au trimix mais aussi au nouvel équipement qui ornera votre recycleur. Par la suite, quand votre expérience deviendra significative, vous pourrez augmentez vos temps fond et/ou votre profondeur et goûter aux joies de la problématique des décompressions longues (froid, bailout fond+déco, etc.).


Passons maintenant à la formation proprement dite.


Préparatifs pour le départ
Préparatifs pour le départ

L'objectif n'est pas de faire un descriptif exhaustif du contenu de la formation, mais seulement de donnez un aperçu suffisamment large pour que les lecteurs puissent se faire une bonne idée du contenu des 4/5 jours de stage dispensés.
Pour simplifier les choses on peut découper la formation trimix en 3 grandes parties : la théorie en salle, la préparation des plongées, des mélanges et du matériel et enfin la pratique sous l'eau sous forme de plongées d'exercices et d'exploration.


Pour la formation trimix sur recycleur Inspiration et comme pour toutes formations, il est demandé, en pré-requis à l'élève, d'être titulaire des certifications ad hoc ainsi que d'une expérience de plongeur circuit ouvert et recycleur minimale. Les conditions d'accès à la formation peuvent légèrement varier suivant l'école (TDI, IANTD, FFESSM, etc.) et les demandes de l'instructeur formateur.


En général, il est demandé :


  • d'être niveau 3 ou équivalent (CMAS***, rescue diver padi, etc.),
  • d'être titulaire de la qualification plongeur nitrox confirmé ou équivalent (Advanced Nitrox Diver TDI/IANTD),
  • d'avoir une expérience d'au moins 100 plongées validées sur le carnet dont une trentaine dans la zone 30/40 mètres au minimum,
  • d'être certifié plongeur recycleur air diluant sur Inspiration/Evolution,
  • d'avoir, au moins, 50 heures (25 heures pour IANTD) de plongée sur le recycleur concerné sur au moins, 20 (IANTD), 30 (FFESSM) ou 50 (TDI) plongées.

Pour les plongeurs PADI, NAUI, SSI, ou RSTC en règle générale, qui n'ont pas suivi un cursus en plongée profonde ou avec décompression, il sera peut-être demandé (à la discrétion de chaque instructeur) d'avoir des qualifications supplémentaires comme par exemple :


  • Decompression Procedures Diver TDI,
  • Extended Range Diver TDI,
    ou
  • Technical Diver IANTD.

Toujours suivant l'école, à la fin de la formation vous serez qualifié comme :


  • Mixed Gas Diluent CCR Diver chez TDI,
  • CCR Normoxic Trimix Diver chez IANTD,
  • Plongeur Inspiration Vision Trimix Elémentaire à la FFESSM,
  • sans oublier Plongeur Trimix Elémentaire circuit ouvert (à demander à votre formateur).

Chez TDI et IANTD les certifications recycleur trimix normoxique qualifient pour plonger dans la limite de 60 mètres. En France et en accord avec le Code Du Sport les plongeurs recycleur trimix normoxique FFESSM pourront plonger jusqu'à 70 mètres.


Derniers contrôles avant le départ
Derniers contrôles avant le départ

Comme vous devez vous en doutez, vous démarrerez tout d'abord votre formation par une bonne dose de théorie avec les questions classiques et métaphysiques du pourquoi et du comment du trimix mais aussi une bonne dose de révision qui vous rappellera votre formation nitrox (pressions partielles, toxicité des gaz, etc.) mais aussi N3 (narcose, décompression, etc.). Pour calmer votre impatience le formateur entrera alors rapidement dans le vif du sujet avec le gaz qui vous sauvera de tous les mots dont vous avez souffert jusqu'alors; "l'hélium". S'en suivra le coeur de la théorie tant attendue avec tout ce que vous avez voulu savoir sur le trimix (caractéristiques et comparaisons avec les autres gaz, avantages, inconvénients, physiologie/physique, la décompression avec l'hélium, contre diffusion isobare, choix du gaz fond et de déco, etc.) sans jamais oser le demander.


Dans la formation théorique vous verrez également d'autres chapitres, souvent nouveaux et plus spécifiques à la plongée profonde comme :


  • quelques éléments d'explication des morts en plongée et les principes de survie en plongée technique (redondance, réserve de gaz, autosuffisance, kiss principe, etc.),
  • les caractéristiques d'un bon plongeur, les écarts entre théorie, entraînement et expérience,
  • le matériel, la planification avec le fameux "what if" (que faire si...), les procédures d'urgence,
  • l'organisation avec tous les choix et techniques qui seront mise en place,
  • etc.

Vous pouvez constater que la partie théorique est assez importante dans la formation trimix, mais pour éviter l'abrutissement quelques plongées de remise à niveau et d'entrainement aux nouvelles techniques viendront judicieusement s'intercaler. A cela s'ajoutera la préparation et la planification des plongées, suivis à la sortie de l'eau, par le débriefing et une phase chère aux plongeurs recycleur, l'entretien méticuleux de la machine.


Pour les besoins de la formation vous devrez faire l'acquisition de quelques équipements si ce n'est pas déjà fait. Renseignez-vous auprès de votre instructeur qui vous dressera la liste du matériel indispensable et surtout de celui qu'il sera en mesure de vous fournir ou dont vous devrez absolument faire l'acquisition pour la formation. N'oubliez pas de demander si les fournitures sont prêtées ou louées. Si vous n'êtes pas complètement décidé sur l'achat d'un matériel, sachez que la formation est aussi un bon moyen de tester avant de prendre une décision pour investir. De plus, votre formateur pourra vous conseiller sur l'équipement le mieux adapté à votre pratique.


Faites bien attention, avant de vous lancer, de vérifier tout ce qui est compris dans le prix de la formation et ce qui ne l'est pas. Il y a non seulement les fournitures matériels mais aussi immatériels comme les places sur le bateau, surtout si le formateur utilise les services d'une autre structure professionnelle pour le transport des élèves, ou encore les consommables comme les gaz utilisés (hélium, O2) ou la chaux.


Voici une liste, non exhaustive, du matériel indispensable pour la formation recycleur trimix élémentaire :


  • un recycleur Inspiration/Evolution (location généralement possible si vous ne le possédez pas déjà, ce qui serait étonnant !),
  • un bidon de chaux et tous les accessoires et pièces de rechange pour le recycleur (n'oubliez pas plusieurs jeux de piles de rechange),
  • une bouteille de 3 litres supplémentaire pour le trimix (location généralement possible, voire prêt),
  • un dérouleur/dévidoir (45 mètres mini) + parachute à soupape (gros volume de préférence),
  • un couteau + ciseau (ou cisaille, sécateur, coupe-fil),
  • un ordinateur trimix + profondimètre/timer,
  • un bloc bailout ALU 7 litres mini avec les sangles et élastiques,
  • un détendeur+mano pour le bailout et prévoir accessoirement un tuyau de direct système pour la combinaison sèche et un autre pour le stab,
  • ardoise (de préférence de poignée pour le RUN TIME) + crayon,
  • combinaison sèche (de préférence).

Pour plonger au mélange ternaire, il vous faudra non seulement une bouteille pour recevoir le trimix mais aussi une autre pour alimenter votre combinaison sèche ainsi que pour le gonflage de la stab. Avec le diluant air, vous n'aviez pas de problème car c'était la même bouteille qui alimentait tout ce petit monde ainsi que le plongeur. Le trimix est fortement déconseillé pour le gonflage de la combi sèche car celui-ci est loin d'avoir le pourvoir isolant de l'air sans parler du gaspillage inutile d'hélium. La solution, sera dans un premier temps et pour les plongées d'exercice pas trop profonde, d'alimenter tout vos équipements (stab et combinaison sèche) avec le bailout si celui-ci est gonflé à l'air. Dès que vous passerez à un bailout trimix, il vous faudra équiper votre recycleur d'une bouteille supplémentaire.


Comme expliqué précédemment, la formation pratique pourra être différente d'un instructeur à l'autre et en fonction du type de formation choisie (combinée CO/CCR ou séparée, mode loisir ou introduction au trimix profond, etc). Quoiqu'il en soit, il y aura obligatoirement un tronc commun à toutes ces formations. La description que je ferais de la formation pratique ne sera donc pas obligatoirement une image juste de ce que qu'est, aujourd'hui, tous les cursus trimix élémentaire.


Exercice de largage du  parachute
Exercice de largage
du parachute avec le dévidoir

Reprenons notre formation pratique. Pour débuter, et certainement après une petite matinée de théorie, vous entamerez votre première plongée recycleur dans 20 mètres d'eau, tout au plus, pour faire quelques révisions et afin que votre formateur puisse s'assurer que vous maîtrisiez bien tous les pré-requis indispensables pour la suite (passage sur bailout, dépose et repose du bailout, simulation et réaction à différentes pannes ou disfonctionnements du recycleur, etc.). En plus des classiques que vous connaissez déjà sur le maniement d'un recycleur, vous aurez l'occasion de vous tester sur le largage du parachute avec un dévidoir.


En plongée loisir la pratique du parachute est entrée dans les moeurs mais souvent déployé qu'une fois arrivé au palier pour signaler une sortie imminente. Pour les plongées profondes à l'air la pratique reste souvent la même quelque soit les conditions de plongée et de surface.
Quelques centres demandent cependant à leurs plongeurs de s'équiper d'un dérouleur et de larguer le parachute, au plus tôt, une fois la remontée entamée. Avec l'arrivée de la plongée tech cette demande des directeurs de plongée devient courante et permet de se faire repérer par son bateau dès le départ du fond plutôt que d'attendre le dernier moment pour larguer son parachute et risquer de ne pas être vu après de longues minutes de dérive dans le courant.


La première fois l'exercice n'est pas obligatoirement trivial, surtout si votre dérouleur n'est pas un modèle du genre pour ce type d'opération. Beaucoup de dévidoirs ont la bonne idée d'être plus des sacs à noeuds que de réels outils pour la sécurité du plongeur. Je dois d'ailleurs avouer qu'après un ou deux essais de largage du parachute, j'ai rapidement pris la décision de modifier mon dérouleur pour en faire un compagnon plus efficace. Rien de plus embêtant, en effet, de bloquer son dérouleur en fin de plongée par 40 mètres de fond. La modification a été réalisée pour éviter d'une part l'emmêlement, et d'autre part l'encombrement et l'accrochage potentiel de la poignée qui m'a déjà valu une mauvaise surprise (heureusement sans conséquence) en plongée.


Une alternative au dévidoir est le finger spool qui est un petit bobino qui présente bien des avantages comme sa petite taille, son faible prix et surtout un emmêlage sur lui-même impossible. Par contre le spool, du fait de sa taille, n'emporte pas une grande longeur de ficelle (environ 30 mètres) et est généralement utilisé à faible profondeur ou encore en secours en cas de problème avec le dévidoir. Le spool, bien que simple, demande cependant un peu de pratique. L'utilisation du spool est expliqué dans le chapitre suivant.


Un autre exercice que vous ferez certainement dès le début, est le test de consommation sur le bailout. Ce test vous permettra de vérifier votre consommation en circuit ouvert et ainsi de dimensionner correctement votre (ou vos) bailout(s). Ce dernier test ne devrait être qu'une simple confirmation de ce que vous saviez déjà.

Après ce premier contact en immersion suivi d'un débriefing, vous passerez au nettoyage et à l'entretien du recycleur. La suite sera généralement consacré à la préparation des mélanges pour la plongée du lendemain. En fonction du nombre totale de plongées prévues dans votre formation et de votre expérience, vous pourrez soit faire une seconde plongée d'exercice au diluant air, soit enfin attaquer avec le trimix.


Une fois votre premier mélange trimix ou héliar confectionné, vous ferez l'analyse avec un analyseur d'oxygène puis d'hélium. Vous pourrez, à l'occasion et pour le diluant héliair, analyser avec l'oxymètre, puis après un rapide calcul déduire la fraction d'hélium dans le mélange. Avec l'analyseur d'hélium, il vous sera ensuite facile de confirmer votre calcul. Vous constaterez vite que l'héliair est un mélange aussi facile à réaliser qu'un nitrox. Pour le trimix classique, les deux analyseurs sont vraiment indispensables.


Durant la matinée de la seconde journée de formation, vous ferez la planification de la plongée de l'après-midi. Ou la veille, si votre instructeur a prévu la plongée le matin et la théorie l'après-midi. Cette seconde plongée se fera avec le diluant trimix dans la zone des 50 mètres. Pour la première plongée au trimix et afin d'avoir des éléments de comparaison probants, il est bien d'aller sur un site connu et si possible, avec des conditions difficiles (froid et visibilité) comme par exemple, dans une carrière. A votre retour, votre instructeur s'empressera de vous demander si vous avez senti la différence entre air et trimix. Personnellement, j'ai pu faire cette première plongée avec un diluant héliair 10/50 avec des conditions de froid et de noir doublé d'une mauvaise visibilité ne dépassant guère plus un mètre. Il est alors impressionnant de constater la facilité avec laquelle on ventile et ceci avec une lucidité inhabituelle alors que dans les mêmes conditions, à l'air, j'aurais peut-être eu une montée d'adrenaline au point de me demander ce que je suis venu faire ici. Le retour vers la surface, de cette première, fût également un peu nouveau, ponctué des indispensables paliers profonds que nous impose l'hélium, sans oublier, de temps à autre, le rinçage de la boucle avec du diluant frais. Le dégazage des oreilles moyennes n'était également pas oublié en pratiquant quelques vasalvas (légère redescente lors d'un palier et particulièrement en arrivant à 6 mètres ou l'on peut alors rincer la boucle, et les oreilles, à l'O2 pur) pour évacuer l'hélium et ainsi éviter un potentiel accident vestibulaire. Pour cette première plongée le résultat fût donc pleinement concluant au vu de l'efficacité que l'hélium pouvait amener dans des conditions de plongée difficile.


Les journées de formation suivantes se ressemblent quelque peu et le schéma reste similaire avec une alternance entre théorie et pratique sous l'eau ou sur terre (planification des plongées, plongées avec exercices, débriefing, préparation des mélanges, etc.). A chaque plongée attendez-vous à ce que votre instructeur vous simule un problème sur le recycleur (PpO2 haute ou basse, inondation de la boucle, low battery, controleur ou afficheur HS, etc.) et généralement à un moment critique où vous êtes déjà occupé à faire autre chose. Cela peut-être une simple panne, plus ou moins grave, ou une succession de pannes mineures. Avez-vous prévu ce type de panne ? Comment pouvez-vous vous en sortir ?.
La réponse se trouve peut-être dans le "what if" que vous auriez dû faire au préalable avant que le problème ne vous arrive sous l'eau ! Vous serez certainement amené à conduire une plongée en mode manuel en utilisant l'injecteur d'O2 ou à réagir rapidement à une perte totale du gaz dans votre réserve d'O2. Pour ce dernier cas de figure, un passage sur bailout (trimix+déco) sera alors indispensable. Votre formateur pourrait également tomber en panne d'air, ou plutôt de trimix, au cours de sa plongée ! Vous vous rendrez vite compte que ce ne sont pas les problèmes potentiels qui manquent au catalogue de votre formateur. Je serais tenté de dire : à vous de prévoir l'imprévisible. Sans aller jusque là, à vous d'essayer de prévoir les pannes les plus graves ou incapacitantes et d'y apporter la meilleure réponse. Le KISS (Keep it Simple, Stupid) principe devient alors la devise. La redondance, que vous aurez également l'occasion de voir en détail, est également un principe de base à prendre en compte.


Une de vos plongées sera peut-être plus particulièrement dédiée à la pratique du run time et à sa chronologie réglée comme un métronome. Le principal problème du run time est sa rigidité temporelle. Un dérapage un peu trop violent peut, en effet, venir dérégler le superbe timing que vous avez soigneusement confectionné. Aurez-vous d'ailleurs prévu plusieurs run times pour palier à ce type de problème (avec dérapage en temps et en profondeur) ?
Pour moi, même si le run time est conseillé, je suis plutôt un adepte de la redondance d'ordinateur. C'est, en effet plus cher, mais quel confort ! A vous de choisir et de prévoir de la redondance à tous les étages. Ce dernier point est d'ailleurs un incontournable dans la vie du plongeur tech.


J'ai certainement oublié de nombreux points dans les paragraphes précédents, mais j'espère tout de même que ce chapitre vous aura donné un bon aperçu de ce que peut être la formation trimix élémentaire avec un recycleur. Et comme je l'ai exprimé au début, les formations évoluent et les formateurs ont chacun leurs méthodes et philosophie personnelle qui font que chaque formation peut-être unique même si les grandes lignes restent identiques.


 

La formation Trimix hypoxique


Comme expliqué dans le chapitre précédent (formation trimix élémentaire) le but de ce chapitre n'est pas d'aborder dans le détail l'intégralité du contenu de la formation, mais juste d'en décrire les grandes lignes (avec peut-être quelques détails ici et là) pour que vous puissiez en avoir un aperçu suffisamment large et exhaustif et afin d'en percevoir les limites.

Ceci est d'autant plus difficile de décrire la formation Hypo recycleur dans les détails que chaque formateur à sa propre façon d'enseigner et sa propre vision du sujet. L'autre point concerne également l'élève qui selon sont expérience antérieure aura besoin de plus ou moins de plongées (avec exercices ou juste pour l'expérience) et de temps pour intégrer toutes les connaissances enseignées durant ce stage.


Pour la formation trimix sur recycleur Inspiration et comme pour toutes formations, il est demandé, en pré-requis à l'élève, d'être titulaire des certifications ad hoc ainsi que d'une expérience de plongeur trimix normoxique recycleur minimale. Les conditions d'accès à la formation sont plus ou moins variable suivant les écoles (TDI, IANTD, FFESSM, etc.) et les demandes de l'instructeur formateur. Pour cette raison je vous décrierais ci-dessous les demandes les plus courantes (FFESSM/TDI) :


  • être niveau 3 ou équivalent (CMAS***, rescue diver padi, etc.),
  • être titulaire de la qualification Nitrox Confirmé ou Advanced Nitrox Diver chez TDI,
  • être titulaire de la qualification de plongeur Trimix FFESSM ou d'une qualification équivalente délivrée soit par l'ANMP, le SNMP ou la FSGT exclusivement. La qualification CO n'est pas demandée chez TDI,
  • être titulaire de la qualification Plongeur Inspiration Vision Trimix Elémentaire pour la FFESSM ou Inspiration Mixed Gas Diluent chez TDI,
  • avoir, au moins, 100 heures de plongée sur recycleur dont la moitié sur inspiration/Evolution,
  • avoir, au moins, 10 plongées au trimix dans la zone 55-70m.

A la fin de la formation vous serez qualifié comme :


  • Evolution Advanced Mixed Gas Diver chez TDI,
  • Trimix CCR Diver chez IANTD,
  • Plongeur Inspiration Vision Trimix à la FFESSM,
  • Plongeur Trimix circuit ouvert (demande à faire absolument au formateur).

Chez TDI et IANTD les certifications recycleur trimix qualifient pour plonger dans la limite de 100 mètres. En France et en accord avec le Code Du Sport les plongeurs recycleur trimix FFESSM pourront plonger jusqu'à 120 mètres.


Cartes Trimix
Les qualifications trimix hypoxique,
inspiration TDI, Inspiration FFESSM
et circuit ouvert FFESSM

Il est à noter que dans le cas de la FFESSM il faut obligatoirement avoir la certification Inspiration Vision Trimix Elémentaire pour pouvoir prétendre à la qualification suivante. Les équivalences ne sont pas admisent. Ceci veut dire que si vous avez commencé votre cursus chez TDI ou IANTD, il vous faudra continuer sur cette voie ou trouver un moniteur FFESSM qui accepte de vous délivrer les cartes recycleur Inspiration Diluant air et trimix normo pour enfin demander la carte "Plongeur Recycleur Inspiration Vision trimix".


Toujours concernant les certifications (qualifications en France) je suppose que vous prévoyez de recevoir la qualification de plongeur recycleur trimix. Mais n'oubliez pas que nous sommes en France et qu'il vous faudra également demander à votre formateur la qualification (française) circuit ouvert trimix pour pouvoir plonger en toute quiétude même si le code du sport ne le précise pas explicitement. En effet, actuellement, en France, la qualification circuit ouvert d'un des organismes Français (ou CMAS) est souvent demandée pour pouvoir plonger au trimix avec un recycleur. Donc n'oubliez pas de vous renseigner auprès de votre instructeur avant d'entamer la formation.


Passons maintenant à la formation proprement dite.


La formation trimix hypoxique est principalement orientée vers la pratique même si il reste utile de faire quelques cours théoriques spécifiques à la plongée profonde aux mélanges. La partie théorique se fait d'ailleurs souvent sous la forme de discussions et d'échanges ou chaque candidat participe et peut également faire part de son expérience acquise dans le cadre de ses plongées normoxiques.
L'objectif étant d'apporter des connaissances supplémentaires que les candidats ne connaissaient ou ne pratiquaient pas dans le cadre de leurs plongées trimix dans la zone des 70m maximum. Par exemple en plongée recycleur un des sujets spécifique qui peut être abordé est la performance de la chaux et son remplacement pour les plongées profondes ou encore pour certains plongeurs non habitués aux plongées longues dans la zone normoxique, la gestion d'un second Bailout (voire plus) pourra être une nouveauté. L'objectif étant de bien comprendre la nouvelle problématique induite par des plongées à grande profondeur.


La pratique se composera de plusieurs plongées dont une ou deux peuvent être consacrées à des révisions et une remise en mémoire de toutes les procédures apprisent lors de la formation normoxique. Pour le formateur c'est aussi l'occasion de faire connaissance avec ses élèves et de s'assurer que ceux-ci maitrisent bien l'ensemble des connaissances de base (pratique et théorique) de la plongée trimix.


Les premières plongées peuvent donc avoir lieu à faible profondeur dans 20 mètres d'eau pour retravailler les automatismes et les gestes de bases (flottabilité/équilibre dans l'eau, gestion et positionnement de son équipement en plongée, passage sur bailout, révision des exercices de base en réaction à une des nombreuses pannes recycleur possible, etc.) mais aussi corriger quelques défauts ou mauvaises pratiques issuent de notre longue carrière de plongeur sportif.
Les plongées suivantes vous emmènerons dans un premier temps à la limite de votre zone de profondeur normoxique antérieure (60/70 mètres) pour réaliser quelques exercices comme la remontée sur 2 Bailouts (Tx 20/30 + Nx50) avec largage du parachute ou encore la panne du solenoïde bloqué fermé (contrôle de l'injection avec le robinet de la bouteille pendant 30mn), puis graduellement la profondeur va devenir plus conséquentes pour passer au delà des 70 mètres et voire même, suivant les formateurs, terminer en cotoyant les trois chiffres. Dans la zone normoxique votre instructeur vous fera aussi certainement simuler la panne du solénoïde en position ouverte (setpoint sur 1,5 et appuie sur le bouton d'injection O2). Ce qui aura pour conséquence de faire grimper immédiatement la PpO2 au dessus d'un niveau acceptable (>1,6b). L'objectif étant de s'avoir purger rapidemment la boucle et de revenir dans une situation normal dans les plus brefs délais. Pour cet exercice le fait d'avoir les faux poumons sur les épaules présente un avantage dans la mesure ou ils permettent de réduire considérabelemnt le volume de la boucle en pressant ces derniers avec les bras croisés tout en faisant le diluent flush en actionnant la purge rapide. Cet exercice étant potentiellement dangereux l'instructeur vous demandera de passer sur la BOV avant d'appuyer sur le bouton d'injection O2.


Il est d'ailleurs à signaler que dans le cadre de la formation hypoxique recycleur la BOV est un accessoire quasi obligatoire et qui est d'ailleurs demandée par beaucoup d'instructeurs. Même si la BOV présente quelques inconvénients (encombrement, tuyaux supplémentaires) il est indéniable qu'elle permet de passer immédiatement et en toute sécurité sur un gaz connu et respirable. La BOV étant connecté au Bailout fond par l'intermédiaire d'un connecteur QC6.


Au sujet du matériel voici une liste, non exhaustive, de l'équipement indispensable pour la formation recycleur trimix hypoxique :


  • un recycleur Inspiration/Evolution équipé d'une BOV avec ses flexibles + QC6 ou autre quick connect pour raccorder la BOV au Bailout,
  • un bidon de chaux et tous les accessoires et pièces de rechange pour le recycleur (n'oubliez pas plusieurs jeux de piles de rechange),
  • une bouteille de 3 litres supplémentaire pour le trimix,
  • un dérouleur/dévidoir (60 mètres mini) + parachute à soupape (gros volume de préférence),
  • un couteau + ciseau (ou cisaille, sécateur, coupe-fil),
  • un ordinateur trimix en redondance,
  • un bloc bailout ALU 7 litres avec les sangles et élastiques,
  • un bloc bailout ALU S80 avec les sangles et élastiques,
  • des blocs carbone 300B peuvent remplacer les ALU,
  • Détendeurs+manos pour les bailouts et prévoir les tuyaux de direct système pour se connecter à l'injecteur de diluant du recycleur,
  • ardoise (de préférence de poignée) + crayon,
  • combinaison sèche (obligatoire).

Continuons enfin dans la tranche hypo (70/80 mètres) ou vous serez sollicité pour entamer une remontée en mode semi-fermé. L'objectif étant de rester sur la boucle tant que celle-ci est pleinement opérationnelle et de garder les Bailouts en réserve et en dernier recours.


En fonction des écoles et des formateurs ainsi que du niveau initial des élèves la formation hypo peut durer de 2 à 5 voire 6 jours avec 4 à 7/8 plongées au total. Quelques formateurs et écoles autorisent également les formations combinées trimix normo et hypo en une seul stage. Cependant je déconseille fortement ce type de formule qui, de mon avis personnel, va à l'encontre du principe de base qui est d'acquérir graduellement et par étapes une expérience significative avant de passer au niveau supérieur. Chaque plongeur a besoin d'un temps suffisant (variable suvant les individus) avant de maitriser l'ensemble des procédures afférentes à la pratique des plongées lourdes et avec longue décompression que l'on peut assimiler à de la plongée sous plafond.
Même dans le cadre d'une pratique normoxique en circuit ouvert on n'intègre pas de la même façon et à la même vitesse une plongée sportive à 50 mètres avec un 15 litres et une déco oxy et une plongée en configuration lourde équipée d'un Bi 2x10 et de deux décos. Avec un recycleur la problématique ne fait que s'amplifier et l'acquisition des connaissances ainsi que la maîtrise de l'équipement et des procédures ne s'acquière pas en 10 ou même 15 jours.


Pour les raisons évoqués précédemment j'estime personnellement qu'une expérience significative d'une bonne trentaine de plongées au trimix normoxique en recycleur est requise avant d'attaquer l'hypoxique. Entre chaque plongée, il est également recommandé d'avoir du temps pour faire un bilan des points qui ont posés problème et d'y trouver des remèdes adaptés. Cette dernière phase passe alors souvent par des lectures ou des discussions avec d'autres plongeurs afin de progresser et de trouver la meilleure solution en accord avec ses propres besoins et sa pratique personnelle. Ce qui est bon pour un plongeur ne l'est pas obligatoirement pour l'autre. Tout ceci explique pourquoi il ne suffit pas d'enchainer 10 plongées en une semaine pour acquérir une vraie expérience (que vous avez vous-même construite). Le temps et les solutions que vous adopterez vous-même (après reflexion et essais) sont également un facteur important de cette expérience.


Comme annoncé au début de ce chapitre cette formation est essentiellement tournée vers la pratique à terre et dans l'eau et chaque plongée réalisée sera l'occasion de revoir toutes les étapes de la préparation du matériel et des mélanges, de la planification de la plongée (pratique des logiciels de simulation), de la configuration de son équipement et en règle générale de toutes les procédures obligatoires ou recommandées à mettre en oeuvre avant de se lancer dans la grande bleue. Le debriefing qui s'en suivra et les remarques et conseils prodigués par l'instructeur seront également des moments forts de la formation. Au final, la formation hypoxique est une suite de plongées trimix avec ou sans exercices ou votre mentor sera toujours là pour suivre votre évolution et s'assurer que toutes les phases avant, pendant et après se déroulent dans les régles enseignées et ceci jusqu'à ce que l'ensemble des connaissances soient acquises.


Pour les plongeurs Inspiration/Evolution, les plongées d'exercices permettront également de manipuler l'ordinateur Vision et surtout de pratiquer le passage en mode CO et semi-fermé que l'on a peut être pas toujours l'habitude de réaliser dans des cas (presque) réels et sur des profondeurs représentatives. Il est vrai que l'on ne pratique pour ainsi dire jamais de remontée d'une profondeur de 70 à 80m car cela implique souvent de payer une sortie bateau et les gaz correspondants. Les sorties bateau sont généralement réservées à l'exploration des fonds plutôt qu'aux exercices. D'autant que ce dernier point pose souvent un problème réglementaire pour le DP qui n'apprécient pas de voir des plongeurs faire des exercices par de telles profondeurs et surtout sans un moniteur compétent et correctement diplômé. Sans un moniteur second degré sous la main ce type d'exercice ne pourra être pratiqué qu'entre copains (hors structure) et généralement en carrière ou lac et plus particulièrement sur des sites accessibles du bord . Exit les structures pros qui imposent, du coup, de respecter le code du sport. Attention cependant d'être en mesure d'assurer la sécurité inhérente à ce type de plongées (O2 à terre, surveillance du bord avec personne compétente et secouriste, plan de secours, etc.). Reste, bien sûr, la possibilité de se payer, au prix fort, une ou deux plongées techniques avec le moniteur ad hoc.


Il va s'en dire qu'après cette formation il sera fortement conseillé de rester à niveau en plongeant régulièrement dans la zone hypoxique ou au moins dans des configurations matériels similaires (ex : plongées longues dans la zone 50/70m) même si la profondeur reste dans la zone normoxique. Il faudra aussi et surtout (essayer de) s'entrainer régulièrement (ou du moins à intervales réguliers) aux exercices travaillés durant le stage.


 

L'équipement du plongeur recycleur trimix


Le recycleur en config trimix
Le recycleur en configuration trimix

Bailout S80 nitrox + 7 litres alu
Les bailouts S80 et 7L aluminium

Les 3 blocs du recycleur
3 litres acier O2, 3 litres acier air,
3 litres alu trimix

L'objectif de ce chapitre est de décrire l'équipement supplémentaire et/ou nouveau que le plongeur recycleur trimix sera amené à emporter et qu'il n'avait pas dans sa configuration diluant air. J'aborderais également le cas du matériel indispensable mais qui était peut-être déjà connu auparavant dans le cadre des plongées profondes à l'air. C'est, par exemple le cas du parachute associé au dérouleur/dévidoir dont la pratique est enseignée dans la formation trimix.


L'arrivée d'un nouveau mélange ternaire va apporter quelques petites modifications à l'équipement du plongeur de part la nature du gaz emporté mais aussi à cause du type de plongée effectuée qui est généralement plus profonde et au final plus longue que ce qui se pratiquait à l'air.


Les différentes bouteilles :


Commençons par les évolutions dues au changement de diluant et plus particulièrement aux incidences liées à la forte concentration en hélium de ce dernier.
Notre plongeur a différents besoins, en terme de gaz, pour respirer au fond et aux paliers mais aussi pour gonfler son stab, sa combinaison sèche et son parachute. Dressons une petite liste des besoins en gaz :


  • diluant trimix pour le recycleur,
  • O2 pour le recycleur,
  • trimix comme gaz fond de bailout (circuit ouvert),
  • nitrox comme gaz de déco bailout (circuit ouvert),
  • air pour gonfler la stab, la combinaison sèche et le parachute.

Suivant le type de plongée réalisée, on pourra tout au plus réduire les gaz bailout à un seul mélange qui sera utilisé du fond jusqu'à la surface. Pour le gonflage des différents accessoires, on pourrait être tenté d'utiliser un gaz de bailout mais vu le nombre d'éléments à alimenter il devient préférable d'apporter un gaz dédié et de plus il serait bête de gâcher du nitrox pour gonfler sa stab ou sa combinaison. Je ne parle pas du trimix qui sera uniquement là pour subvenir aux besoins vitaux du plongeur.


En terme de récipient cela nous fait :


  • une bouteille de 3 ou 2 litres d'O2,
  • une bouteille de 3 ou 2 litres diluant trimix,
  • une bouteille d'air pour les accessoires,
  • une bouteille de bailout trimix fond,
  • une bouteille de bailout nitrox de déco.

Pour ma config, j'ai fait l'aquisition de 3 blocs aluminium dont 2 blocs de 7 litres et une S80 (11,1 litres). Un des 7 litres est rempli avec le mélange fond et la seconde 7L avec la S80 sont remplis au nitrox (Nx50) ou à l'O2 pur voire Nx80. La 7 litres mélange fond ne servira que pour passer de la profondeur plancher à la profondeur intermédiaire ou de palier avec l'O2 pur.


Cet ensemble de bailouts me permettra de faire quelques belles plongées dans la zone des 50/60 pour un temps fond d'environ 30/35 minutes ou encore des plongées dans la zone des 70/80 mètres. Pour ces dernières profondeurs les plongées se feront, bien sûr, avec des temps fond plus raisonnables ou avec des bailouts plus conséquents voire des bailouts supplémentaires.


Je pratique également la mutualisation avec mon binôme. Ceci nous permet de répartir les blocs et donc d'alléger chaque plongeur. La mutualisation part cependant sur le principe qu'un seul plongeur tombera en panne sachant, tout de même, que chaque plongeur emmènera son propre bloc de mélange fond + un mélange intermédiaire ou la déco.


Le volume de la bouteille d'air pour le gonflage des accessoires a été assez facile à déterminer dans mon cas. Tous plongeurs recycleur Inspiration est équipé d'origine d'une bouteille acier de 3 litres de diluant. Etant donné que je ne plonge pas tous les jours au trimix, je devais donc avoir une bouteille supplémentaire de diluant trimix à mettre sur le recycleur en fonction des besoins. Il me fallait donc 2 bouteilles de diluant, une remplie à l'air et l'autre au trimix. Pour alimenter le stab et la combinaison sèche, la bouteille de 3 litres est largement suffisante et ceci quelque soit la profondeur.


En configuration trimix, j'emmènerais donc ma bouteille d'air, en plus de celle de trimix, sur le recycleur. Cela nous fait 3 bouteilles de 3 litres à monter sur le recycleur (air, O2, trimix). Avec la coque d'origine du recycleur, il est possible de monter un support sur le côté gauche en off-board (extérieur) et avec l'armature Travel Frame, cela se fera plus aisément sans aucun bricolage. La bouteille de trimix peut d'ailleurs ne faire que 2 litres. Ce qui est largement suffisant (idem recycleur EVO) car le gaz ne sert que pour la consommation du plongeur, ce qui représente une consommation relativement faible.


La question suivante est de savoir ce que cela donnera sous l'eau avec 2 blocs acier d'un côté et un seul de l'autre. Sûrement rien d'excellent bien que le surpoids reste très près du corps. L'idéal serait que la bouteille supplémentaire soit neutre ou presque dans l'eau. Ce qui signifie "aluminium". Par contre les dimensions plus généreuses des blocs alu interdiront au 3 litres en question d'entrer dans la coque d'origine. Il devra donc toujours être à l'extérieur. Avec la Travel Frame pas de souci car celle-ci est justement prévue pour s'adapter à toutes les tailles de bouteille (ou presque).


Pour le gonflage des accessoires, on peut s'équiper d'une bouteille d'air plus petite comme une 1,5 litre en aluminium qui sera plus facile à installer sur le recycleur. Mais si vous optez pour cette solution, il faudra de toute façon avoir deux bouteilles de 3 litres disponibles pour alterner les plongées au diluant trimix ou air.


Le détendeur du bloc air
Le détendeur (apeks DST) pour le bloc
air avec sa petite barre de distribution
et le mano


La nouvelle barre de ditribution
Mini barre de distribution à 3 sorties

En ce qui concerne les bailouts, le volume sera fonction du type de plongées réalisées. En général une 7 litres (ou 10 litres) alu en mix fond et une S80 (11,1 litres) en déco feront largement l'affaire. N'oubliez pas dans vos calculs d'autonomie de prévoir une consommation surdimensionnée ou alors une bonne marge de sécu et ce, particulièrement pour le mélange de bailout fond.


La configuration trimix du recycleur avec ses 3 blocs montés ne s'arrêtera pas là en terme de matériel, car il ne faudra pas oublier d'équiper le nouveau venu de son détendeur et des flexibles ad hoc. Une modification de la tuyauterie d'origine sera également à l'ordre du jour car, comme vu précédemment, l'alimentation en trimix ne servira que pour la ventilation du plongeur. Les tuyaux de raccordement de la stab et de de la combinaison sèche seront montés sur un nouveau détendeur.


Faisons un petit point sur la tuyauterie à installer sur le recycleur (hors bailout) :


  • le bloc trimix alimente : l'ADV (Auto Diluent Valve) et l'inflateur de diluant sur le poumon inspiratoire. L'alimentation de ces 2 éléments passe par la barre de distribution interne du recycleur (circuit d'origine du recycleur pour le diluant).
  • Le bloc de diluant air alimente (avec un nouveau 1er étage) : la stab (via l'inflateur détendeur) et la combinaison sèche.
  • Pas de changement sur les tuyaux d'arrivée de l'O2.

Pour le 1er étage monté sur la bouteille de diluant air, il faudra donc prévoir 3 départs : un tuyau HP pour le mano et 2 autres tuyaux MP pour la stab et la combinaison. Le mano ne sera pas obligatoirement équipé d'un tuyau long pour être visible en permanence par le plongeur. Un simple mano bouton ou un tuyau court peut également faire l'affaire.


Pour limiter le nombre de tuyaux à deux (un tuyau HP et un MP) au départ du 1er étage, j'ai monté une petite barre de distribution (une entrée et 3 sorties) qui se monte au bout d'un tuyau moyenne pression pour détendeur. De plus, il reste encore une sortie MP disponible sur la barre de distribution (photo ci-contre).


Dérouleur/dévidoir :


Comme expliqué dans le chapitre précédent, le couple dévidoir/parachute (ou spool/parachute) est un élément important de la sécurité du plongeur et ceci d'autant plus que la remontée et la sortie en surface sera longue.

Les dévidoirs existent en différentes longueurs allant de quelques dizaines à plus de 100 mètres. Les premiers dérouleurs étaient généralement confectionnés en aluminim puis est arrivé le polymère ou plus couramment appelé "Delrin" (léger, solide, inoxydable). D'autres modèles, que l'on pourrait qualifier d'indestructibles, sont fabiqués en inox. Le rendu est du plus bel effet et respire la santé mais avec un inconvénient majeur qui est le poid.

Le dévidoir du plongeur profond ne sera pas qu'un simple dérouleur de fils d'ariane mais il devra aussi être capable de se débobiner à grande vitesse sans risque d'emmêlage ou de coincement. Les deux dérouleurs que je vous présente ici (ci-contre) ne sont pas des modèles du genre (loin s'en faut) répondants aux critères énoncés, mais une fois bricolés, il peuvent très bien faire l'affaire. A dire vrai, ce sont 2 dérouleurs que j'ai acheté une poignée de cerise, il y a longtemps de cela, avant que l'on ne trouve de vrais dévidoirs, dignes de ce nom, dans le commerce. Donc autant les utiliser. De plus ce sont d'excellents dérouleurs école pour mettre en évidence les problèmes potentiels qui nous intéressent.


Dérouleurs 80 et 45 mètres
Mauvais et bon (simplement meilleur) dérouleur


Cette vue présente bien les défauts
de ce dérouleur (espace important
entre bobine et support)



Dérouleurs bricolé afin de le rendre
plus sûr pour le largage.


Dévidoir Dire Rite
Dévidoir Dire Rite

Dévidoir DTD
Dévidoir DTD

Détail du dévidoir DTD
Détails du dévidoir DTD

Sur la première photo des dérouleurs bleus, celui de droite (45 mètres) a été retravaillé suite à quelques soucis d'emmêlage par 40 mètres de fond. Celui de gauche (80 mètres) est resté dans sa configuration d'origine.


Sur le dérouleur de gauche nous pouvons constater 2 problèmes majeurs. Le premier est la grosse poignée proéminente très pratique et de bonne tenue lor des remontées mais qui demande, à tous moments, de s'accrocher quelque part quand le dérouleur sera suspendu à votre harnais. La poignée forme un véritable hameçon !


Le deuxième problème est l'espace important entre la bobine et le support qui laisse au fils tout le loisir de venir s'y glisser (2ème photo de dérouleur à droite). On remarque qu'il n'y a aucun obstacle au passage du fil entre la bobine et le support. Emmêlage garantie et testé en situation par votre serviteur !


Sur la 3ème photo le dérouleur bleu a été modifié pour que la poignée soit placée dans l'alignement du support de la bobine afin que celle-ci soit moins exposée limitant ainsi les risques d'accroche non désirée. Deux élastiques ont été placés pour empêcher au fil de passer entre la bobine et son support. De plus, l'espace entre la bobine et son support a été réduit au maximum.


Depuis que j'ai éffectué ces modifications tout mes largages de parachute du fond se sont correctement déroulés sans mauvaise surprise.


Le dérouleur de 80 mètres est resté tel quel car il me sert uniquement de fils d'ariane et à l'occasion pour d'autres usages à terre. Même sous l'eau et dans ce cadre, le fils est déroulé lentement avec des risques d'emmêlement limités.


Après les dérouleurs de la mort passons à des modèles beaucoup plus respectables et que je vous conseille d'acquérir en premier lieu même si la somme à débourser, au départ, reste plus importante.


Ci-contre un dévidoir de marque Dive Rite (aluminium) beaucoup mieux concu et ajusté que les premiers avec une poignée au plus près de la bobine et sans élément pouvant s'accrocher. Il est construit avec une poignée compact en alu ajustée au plus près afin que le fil ne puisse pas passer entre la bobine et le support. Le prix n'est, bien sûr, pas le même que les dévidoirs précédents car on passe du simple au triple.


Un autre modèle, que j'ai adopté, est le dévidoir de la marque DTD (dernières photos de dévidoir à droite) beaucoup moins cher que le modèle Dive Rite. Ce dernier a un dessin et une constitution identique sans oublier une excellente qualité et finition. Ce dévidoir est entièrement construit en DELRIN, ce qui lui permet de rester léger et très solide. Vous pouvez remarquer sur l'image ""Détails du dévidoir DTD"" les détails de fabrication de ce dévidoir avec les rebords de la poignée qui remonte sur la tranche de la bobine avec un interstice quasi nul pour interdire le passage du fils entre le moulinet et son support.


Finger spool :


Le finger spool est un petit bobino qui peut remplacer avantageusement un dévidoir. Beaucoup plus petit et moins cher, il entre facilement dans une poche de stab et ne présente aucun risque d'emmêlage comme cela peut-être le cas avec un dévidoir. La longueur d'un spool est généralement d'une trentaine voire quarante cinq mètres. Des spools de plus grande taille existent également mais peut être pour un usage plus spéléo. Le bobino est généralement en polymère (Delrin : léger, solide, inoxydable) mais on peut également en trouver en Aluminium.

Il sera plutôt utilisé à des profondeurs moindre que le dévidoir ou comme dérouleur de secours avec le deuxième parachute en cas de perte ou de problème sur le principal. Certains plongeurs privilégient cependant le spool par rapport au dévidoir en rapport avec sa simplicité d'utilisation, son faible coût et sa compacité. Par contre lors des longues remontées je préfère le dévidoir qui retrouve comme avantage avec sa poignée, sa manivelle et son plus gros diamètre, un rembobinage plus aisé.


Finger spool
Le finger spool accompagné
de son mousqueton à double tête

Bien que simple, le spool demande un peu de pratique sur le terrain. Il est toujours équipé d'un mousqueton à double tête (double pompe). Comme on pourrait le croire le mousqueton ne sert pas à relier le parachute au spool mais à bloquer le fils sur le spool (voir photo ci-contre).

N'hésitez pas à faire un tour sur le web pour visionner les nombreuses vidéos qui vous enseigneront comment utiliser correctement un spool.


Pour le largage du parachute à grande profondeur (30 mètres et plus) il n'est pas utile de gonfler à fond le parachute. N'oubliez pas Mariotte ! Vous devez être capable de retenir le parachue une fois gonflé (sans vous faire embarquer). Plus vous serez profond et moins d'air vous aurez à mettre dans le parachute.
A 40 mètres (5 bars de pression absolue) un cinquième du volume du parachute sera suffisant pour que ce dernier soit complètement gonflé une fois arrivé en surface.



Pour larguer le parachute il suffit de maintenir le spool entre les doigts d'une main et il ne reste alors plus qu'à laisser filer le parachute vers la surface. Une fois le parachute arrivé en surface, il n'y a plus qu'à rembobiner tranquillement la ficelle. Au palier, pour bloquer la ficelle sur le spool, vous faite quelques boucles de ficelle autour d'une des têtes du mousqueton et vous passez cette même tête dans un des trous du spool. L'autre tête du mousqueton est accroché à votre stab et vous pouvez ainsi maintenir confortablement votre niveau d'immersion suspendu au parachute.


 


Parachute :


le parachute avec le finger spool
Parachute à soupape
avec le spool

Pour le parachute, il y a peu de chose à dire, si ce n'est qu'il vous faudra opter pour un parachute à soupape et de préférence de gros volume (25/30 litres). Le parachute à soupape a le gros avantage d'emprisonner l'air et donc de ne pas se dégonfler une fois plein. L'air en excès (dilatation lors de la remontée) est évacué automatiquement grace à la soupape. Un autre critère de sécurité est le gros volume qui vous permettra d'être repéré de loin par l'embarcation qui vous suit et surtout mieux vu si il y a de la houle en surface.


Un parachute à soupape pourra également servir de bouée en surface, ce qui serait impossible avec un parachute classique. Si vous êtes déjà équipé d'un parachute classique, emportez-le avec vous (redondance) car celui-ci pourra vous servir de secours (avec un spool) au cas ou le premier ne serait plus opérationnel pour diverses raisons. Idéalement il est bien d'avoir dans la palanqué un parachute de couleur jaune pour signaler un problème potentiel en surface. Vous pouvez accrocher une petite ardoise au bout de ce parachute pour indiquer plus précisemment votre problème. Ne pas oublier aussi que votre binôme devra emporter également 2 parachutes. En cas de souci avec votre premier parachute ce sera alors à votre binôme de larguer le sien (le rouge) car si vous envoyez le jaune, la sécu surface imaginera un problème beaucoup plus sérieux (généralement panne de gaz). Les codes d'utilisation des parachutes (2 parachutes rouges côte à côte ou parachute jaune) en cas de problème est à définir clairement avec la sécu surface avant le départ.


Il n'est également pas inutile d'écrire son nom sur les deux faces du parachute afin que le bateau suiveur puisse savoir qui se trouve dessous. Un parachute peut également et potentiellement servir de système de flottabilité de secours en cas de problème avec la stab. La pratique de la remontée à l'aide d'un parachute ne présente pas de grosses diffilcultés mais demande cependant un peu d'entraînement. Il va de soit que la combinaison étanche reste la véritable redondance de flottabilité en cas de souci avec la stab. Le parachute étant vraiment le dernier recours. Mais si vous en êtes à ce niveau, je pense que Murphy est déjà de la partie depuis quelques temps ! Ce que je souhaite à personne.


 


Piles :


Un dernier point important que j'aborderais concernant le matériel est au sujet des piles d'alimentation (ou des accus) des contrôleurs du recycleur. J'ai déjà expliqué l'importance de ces éléments dans le chapitre dédié, mais j'insiste car les plongées trimix sont par définition plus profondes et plus longues et un contrôle des piles ou des accus, voire un changement en cas de doute, est vivement recommandé avant chaque départ.



 



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Jeudi 28 Mars 2024


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