Le cursus loisir nord-américain

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Le 15 juin 2019

Une vision sarcastique de la plongée nord-américaine

 

Dans les discussions entre palmipèdes français, que ce soit sur les forums de discussion ou dans la vraie vie, on peut souvent constater que la connaissance de nos compatriotes des cursus étrangers de plongeur se limite généralement, sans beaucoup plus de détails, à quelques noms d'organisations professionnelles comme : PADI, TDI ou encore SSI pour les plus connus.


Pour nombre de plongeurs français nos homologues d'obédience nord-américaine sont généralement de simples, pour ne pas dire vulgaires, plongeurs loisirs tout juste capables de barboter dans 20 mètres d'eau, en troupeau et sous la direction d'un chien de berger appelé "Divemaster". Il va de soi que ces ignorants (le plongeur PADI, SSI etc.) sont à mille lieux des problématiques de plongée profonde et plus généralement de la pratique des paliers et de la décompression en règle générale. Quelquefois on se laisserait même à penser que le plongeur français est le seul à savoir plonger au-delà des 40 mètres à l'air et effectuer correctement des paliers de décompression qu'ils soient obligatoires ou seulement de sécurité.


La seule chose qui soit sûre est que le plongeur français est l'un des rares, dans le cadre d'une plongée dite de "loisir", à descendre officiellement jusqu'à 60 mètres à l'air. Pour la grande majorité des organisations (CMAS y comprise), la limite de la plongée loisir (récréative) se situe à 40 mètres. Au-delà de cette barrière nous entrons dans un domaine qui sort du loisir et qui est réservé aux plongeurs ayant reçu une formation spécifique. Dans cette zone profonde les principales écoles ont fixé un plancher à 50 ou 55 mètres et très exceptionnellement 60.

Plongeurs PADI

La raison de cette limite de profondeur à l'air se base sur la recommandation NOAA (National Oceanic and Atmospheric Administration) qui préconise une valeur max de PpO2 de 1,4 bars. Pour être précis, le calcul nous donne un résultat de 1,4 / 0,21 = 6,66 bars de pression absolue soit 56 mètres.


Au-delà des agences purement loisir, les écoles de plongée technique comme TDI et IANTD sont bien connues sur notre territoire et offrent une image plus flatteuse et en accord avec notre vision sportive de l'activité. Cependant pour le commun des plongeurs ces écoles sortent de la plongée loisir traditionnelle au profit d'une vraie pratique engagée avec des mélanges exotiques (Trimix et nitrox/02 en décompression, plongée recycleur, spéléo, etc.) réservée à quelques initiés. Même pour les plongeurs techniques français qui pourtant connaissent relativement bien ces écoles et leurs cursus, on peut constater que le lien et les limites entre le loisir et la technique à la sauce nord-américaine sont très mal connues.


Est-ce à dire qu'un cursus est meilleur qu'un autre ? Sur ce point, on perçoit encore trop souvent de la part de quelques plongeurs français une ostensible condescendance quand ce n'est pas une indiscutable arrogance. Bien heureusement l'épreuve du terrain remet généralement les pendules à l'heure. Que ce soit sur le pont du bateau ou sous l'eau on s'apercoit rapidement qu'il n'y a pas mille façons de se préparer et de plonger et que l'efficacité comme la maladresse sont bien présentent des deux côtés. Par contre, une fois la plongée terminée, il est agréable de constater que tous les plongeurs d'obédiences diverses sont bien là au rendez-vous, au sec et avec le sourire, et cela quel que soit le type de plongée avec ou sans déco, avec ou sans mélange exotique, avec ou sans courant.


Cette vision sarcastique et ignorante de la plongée d'outre-atlantique (et pourtant quasi mondiale) provient certainement d'une extrapolation egocentrique de nos habitudes de plongée à l'ensemble du monde. Cette méconnaissance est d'autant plus regrettable que notre palmipède français remarque immédiatement, dès qu'il passe la frontière, que la philosophie nord-américaine est omniprésente et, du coup, que c'est bien notre démarche nationale qui reste marginale.


L'objectif de cet article n'est pas de faire l'apologie d'un cursus ou d'un autre mais d'en expliquer les différences avec, comme toujours, une pointe de philosophie (au sens large) afin de favoriser les échanges en connaissance de cause. Ce sujet n'a pas de rapport direct avec les recycleurs mais il m'est venu à l'esprit, à l'étranger, lors de mes plongées techniques ou l'on pouvait voir de nombreux plongeurs de tous horizons se cotoyer et discuter tout à fait naturellement sans arrière pensée. Chose malheureusement impossible en France. Le contraste entre les échanges que je peux avoir sur les côtes françaises et à l'étranger m'ont incités à écrire cet article pour rétablir une vérité qu'il est bien difficile d'entrevoir pour tous les plongeurs isolés dans notre enclos hexagonale hermétique et jalousement gardé.


Je limiterais mes explications au cursus de plongée loisir français (N1 à N3) en décrivant sont équivalent anglo-saxon ou à ce qui s'en apparente car comme on le sait il n'existe pas d'équivalence directe. A signaler également que je ne m'étendrais pas sur de longues explications de notre cursus national, sauf cas particulier, car d'une part ce n'est pas le but de cet article mais aussi car il s'adresse à des plongeurs, qui par définition, en maitrisent toutes les subtilités pour ne pas dire la complexité.


Au fil de cet article je me permettrais quelquefois de donner mon avis (positif ou non) sur les approches de l'un ou de l'autre. Dans tous les cas on constatera qu'elles sont toutes les deux respectables, avec leurs avantages et inconvénients, et ont leur place ainsi que leur public. Comme bien des sujets il existe une multitude de chemins pour atteindre un même objectif. A chacun de choisir la méthode qui lui semblera la plus adaptée selon sa sensibilité. Le but à atteindre sera différent suivant que l'on est un plongeur occasionnel amateur d'eau chaude et limpide, un plongeur passionné et assidu ouvert à tous les types de pratiques et de milieux ou plutôt un plongeur cherchant les sensations fortes et l'extrême.


On sait cependant que pour le plongeur français le chemin est bien balisé et en corollaire le choix très restreint car quel que soit la voie suivie il restera toujours la reconnaissance du brevet à faire valoir (CDS oblige) pour être autorisé à plonger sereinement en structure. Il est bon de signaler que cette limitiation du Code Du Sport est une problématique spécifique à la France et qui n'existe nul part ailleurs en europe comme dans le reste du monde (lire l'article Pourquoi avons-nous un CDS Plongée).


 


Bref historique


Que ce soit d'un côté ou de l'autre de l'atlantique, la plongée d'après-guerre était principalement issue d'un monde réservé aux militaires. On pourrait imaginer que cette origine commune nous aurait tous emmené sur des voies parallèles si ce n'est identiques. Cependant le sort et surtout l'esprit des pionniers en avait décidé autrement et on peut constater aujourd'hui que les deux approches sont bien différentes.


Côté français nous avons un cursus souvent qualifié de sportif et à dominante technique avec une progression constante, au fil des niveaux, de l'augmentation de la profondeur d'évolution. En fait pour ce dernier point il est important de noter que cette progression n'est pas une option choisie par le candidat mais un paramètre qui fait partie intégrante et obligatoire de la formation. Avec la profondeur les phénomènes physiques et physiologiques deviennent plus complexes à résoudre et imposent, de fait, une meilleure maitrise des paramètres de sa décompression que dans le cadre d'une plongée dans la courbe de sécurité.


Dans notre pays la plongée et son enseignement sont principalement dispensés par la FFESSM au travers de ses clubs associatifs. Malgré le développement du système associatif, par définition ouvert au plus grand nombre, la plongée française a longtemps gardé une image d'activité réservée à une élite. Il faut bien avouer que cette vision a toujours été savamment entretenue par le gratin fédéral. Encore aujourd'hui, même si notre passion s'est largement démocratisée, il n'en reste pas moins que cet aspect guerrier et aventurier reste bien ancré dans l'esprit de beaucoup de pratiquants.


De l'autre côté de l'atlantique la plongée s'est surtout développée au travers des structures commerciales. La plus connue étant PADI suivie de SSI puis d'autres tout aussi célèbres et connues comme NAUI, SDI/TDI, etc. Que ce soit les organisations commerciales (PADI, SSI, SDI, etc.) ou non comme NAUI (agence à but non lucratif) leur objectif commun est de rendre l'activité accessible au plus grand nombre.


Dans la philosophie on peut d'ores et déjà constater une grande différence dans les moyens mis en œuvre et de la notion d'ouverture au plus grand nombre.


D'un côté, la France avec ses clubs associatifs gérés par des bénévoles avait toute la matière disponible pour faciliter l'approche de l'activité, au moins, du point de vue financier. Cependant les choix techniques des contenus de formation comme l'approche pédagogique, très sélective, n'étaient certainement pas les plus adaptés à tous les profils de candidats surtout à ses débuts.
Coté nord-américain le problème était plutôt inverse. La démarche très orientée loisir grand public avait toutes les qualités pour s'adapter à monsieur tout le monde mais l'approche majoritairement commerciale ne permettait pas un accès aisé à toute les populations.


 


Le cursus Loisir (Recreational Diving)


Revenons un peu à un côté plus terre à terre de l'activité. On a vu que la France à une démarche prioritairement technique dans son approche. Cela se traduit, dans les cursus plongeurs, par un enchainement de compétences essentiellement basées sur des exercices de sécurité pour le plongeur lui-même mais aussi pour porter assistance à son binôme. De plus ces exercices se répètent à l'identique et à chaque niveau avec une augmentation croissante de la profondeur. Cette dernière étant un paramètre essentiel et indispensable de la formation française.


Cette approche est d'autant plus paradoxale que l'image vendeuse de la plongée ressemble plus à une balade bucolique à la découverte d'un monde merveilleux illuminé de mille couleurs plutôt qu'à un boot camp aquatique qui ferait honneur aux pires entrainements de commando marine. Dans la réalité on constate, en effet, que l'intégration progressive de compétences liées à la connaissance du milieu (bio, respect et découverte de l'environnement, etc.) est relativement récente et ne fait encore que très timidement son apparition. De manière générale la finalité de notre activité semble rester une préoccupation annexe dans la formation des plongeurs. La performance, pour ne pas dire l'excellence technique a longtemps été, et restera toujours, un des critères principaux de satisfaction personnel et de reconnaissance pour nombre de cadres et de plongeurs confirmés français. Sur le terrain on peut cependant constater que le sentiment du plongeur lambda est bien différent et s'éloigne infiniment de la pensée élitiste inculquée par la fine fleur fédérale.


L'approche américaine, quant à elle très orientée business, donne clairement la priorité au développement de l'activité sous toutes ses formes au bénéfice de l'aspect lucratif. Cela se traduit par une démarche privilégiant la facilité d'accès (diving is FUN) et peut-être quelquefois un peu au détriment des aspects jugés trop techniques ou trop difficiles pour le commun des mortels. Dans la démarche américaine chaque niveau à un objectif bien précis différents du précédent (ne pas lasser le candidat) basé alternativement sur la technique puis la découverte du milieu et de l'activité au sens large.


Par la suite je présenterais, en exemple, le cursus de formation PADI mais quelle que soit l'organisation nord-américaine le tronc commun de l'enchainement des brevets loisirs est calqué sur une base identique, avec quelques variantes, et se décompose comme décrit ci-après.


Le RSTC :
Ouvrons une parenthèse au sujet de l'harmonisation des cursus nord-américains. Dans les écoles d'outre-atlantique tous les cursus loisirs des plus grandes organisations (et de beaucoup de petites qui n'adhèrent pourtant pas au RSTC) sont standardisés car ils suivent tous, à quelques exceptions près, les recommandations du WRSTC (World Recreational Scuba Training Council) qui fixe les standards minimaux par niveau et permet ainsi d'avoir un référentiel commun à toutes les plus grandes agences autour du monde. Ceci permet également de faciliter les échanges entre les écoles.
Il est également important de signaler que les standards minimaux du RSTC respectent les standards ISO de la plongée loisir. Il serait cependant plus honnête de tenir compte de la chronologie historique et signaler que les standards ISO respectent ceux du RSTC car la normalisation ISO plongée est arrivée bien après et s'est largement inspirée des travaux du RSTC.


Voici, pour information, un tableau qui retrace quelques équivalences entre brevets de différentes organisations en relation avec les standards du RSTC et de l'ISO.


ISO
RSTC
PADI
SSI
NAUI
CMAS
ISO 11121
Introductory
Training Dive
Introductory
Open Water
Experience
Discover Scuba
Diving
Basic Diver
Try Scuba
ISO 24801-1
Supervised Diver
Supervised Diver
Scuba Diver
Scuba Diver
Passport Scuba Diver Program
Introductory SCUBA Experience Training Program
ISO 24801-2
Autonomous Diver
Open Water
Diver
Open Water
Diver
Open Water
Diver
Scuba Diver
One Star Diver
Advanced Open
Water
Advanced
Adventurer
Advanced Scuba
Diver
One Star Diver
Entry Level
Rescue Diver
Rescue Diver
Diver Stress &
Rescue
Scuba Rescue
Diver
Two Star Diver
ISO24801-3
Dive Leader
Recreational Dive
Supervisor
Divemaster
Dive Guide
Divemaster
Three Star Diver

Le lecteur, qui souhaitera avoir de plus amples informations sur le RSTC, trouvera sans difficulté son bonheur sur internet.


L'Open Water Diver (OWD) est le niveau d'entrée avec le traditionnel développement des techniques personnelles du plongeur mais avec une différence notable par rapport au système français qui est l'apprentissage immédiat à l'autonomie.
Ce dernier point est très important car dans la culture nord-américaine, même si on conçoit très bien qu'un débutant puisse être accompagné ou encadré, le système éducatif incite les plus débrouillards (ou téméraires) à se prendre rapidement et personnellement en charge. La dépendance (encadrement au sens strict par un niveau supérieur) ne doit pas être une fatalité ou une contrainte comme en France mais plus un choix personnel du plongeur.


Sur le terrain on constate cependant que l'OWD peu expérimenté est souvent encadré par un divemaster. Par contre une fois la maturité acquise ce dernier peut enfin espérer partir en binôme. La démarche est souvent identique pour de vrais plongeurs CMAS 1* à l'étranger (voir les standards plongée sur le site CMAS) mais impossible, chez nous, pour un niveau 1 (et pourtant également certifié CMAS 1*).


Pour information, il est bon de signaler que la notion d'encadrement au sens français et nord-américain n'a pas la même signification. Un niveau 4 est responsable de ses élèves au sens pénal du terme alors que, de façon générale, un Divemaster est un guide pour montrer le chemin et faire découvrir la faune et la flore mais les plongeurs qu'il encadre restent autonomes entre eux. Les niveaux qui suivent l'OWD sont quant à eux pleinement autonomes.


Le second niveau, l'Advanced Open Water Diver (AOWD), change complètement de registre pour se recentrer sur la finalité de notre activité, la découverte du milieu, mais aussi explorer l'étendue des possibilités offertes par ce loisir. La technique c'est bien, il en faut pour assurer sa propre sécurité et découvrir sereinement ce nouveau monde mais ce n'est pas ce qui a amené le plongeur à intégrer notre communauté. La réflexion est simple, si le plongeur ne trouve pas ce qu'il est venu chercher il ira voir ailleurs et trouvera une activité plus en rapport avec ses aspirations.


Pour répondre à ce cahier des charges le programme de ce brevet se tourne vers une démarche beaucoup plus ludique basée sur la découverte des multiples facettes de l'activité. Cela se traduit par 5 plongées à thème, dont 2 obligatoires, à choisir parmi un panel très large. L'instructeur aura donc pour principale mission de faire découvrir l'étendue des possibilités offertes par l'activité (le côté FUN). L'approche sécuritaire n'est cependant pas perdue de vue car le but est aussi et toujours de permettre au plongeur de progresser dans ses techniques personnelles sous le contrôle d’un instructeur mais également de profiter de ce tutorat pour acquérir plus rapidement de l'expérience et de l'autonomie.


A noter que chez SSI le module équivalent s'appelle l'Advanced Adventurer. L'Advanced Open Water Diver de SSI est différent de celui de PADI. Il se compose de 4 spécialités et impose d'avoir validé 24 plongées en milieu naturel pour délivrer la certification.


Dans le diagramme de formation PADI ci-dessous vous remarquerez qu'il existe des certifications intermédiaires que je ne présenterais pas car ce ne sont que des sous-ensembles. C'est par exemple le cas de l'Adventure Diver (3 plongées à thèmes au choix) qui correspond à une partie de l'Advanced Open Water Diver. De même vous avez le Scuba Diver (plongeur supervisé/encadré) qui représente une partie du brevet Open Water Diver. Autant le brevet de Scuba Diver présente un intérêt pour le plongeur autant la certification Adventure Diver apparait plus comme un artifice commercial mais qui peut, tout de même, avoir son utilité pour les clients dont la disponibilité est aléatoire.


Cursus PADI

Le troisième niveau du cursus d'outre-atlantique sera conseillé pour les plongeurs ayant acquis une expérience suffisante et une bonne maitrise de leurs techniques personnelles. Il s'adresse aussi plus spécifiquement aux personnes pour qui la plongée est devenu une passion ou tout au moins une de leurs activités de loisir préférées. Cette étape dans la formation du plongeur change car elle n'est plus orientée sur le plaisir personnel du plongeur mais sur une ouverture vers ses camarades. Le brevet de Rescue donnera au candidat toutes les compétences en sauvetage aquatique et terrestre (secourisme) et permettra au candidat d'organiser et de lancer la chaine des secours en cas d'accident. Ce niveau correspond pleinement à notre brevet national de secourisme PCS1 associé au RIFA Plongée.


Le dernier niveau de plongeur nord-américain est le Master Scuba Diver (MSD. Master Diver chez SDI et SSI) qui s'apparente un peu à l'AOWD dans son approche car basé sur une découverte variée de l'activité. Cependant la démarche sera, cette fois, beaucoup plus approfondie car s'adressant à, et pour des plongeurs d'expérience. Les 5 plongées à thème de l'AOWD sont ici remplacées par 5 spécialités (4 plongées par spécialité soit vingt plongées au total) toujours au choix parmi un panel large proposé et généralement variable suivant les centres de plongée. Les spécialités sont des modules indépendants les uns des autres et accessibles dès l'OWD ou AOWD suivant le thème. Cela rend ce brevet extrêmement flexible (dans le temps et par son contenu) et personnalisable à souhait. C'est vraiment un niveau qualifié de plaisir que l'on peut préparer tout au long de sa vie de plongeur ou acquérir de façon ponctuelle.


Lors de ces quatre étapes de l'OWD au MSD, on a pu constater que le cursus alterne les compétences techniques avec d'autres beaucoup plus ludiques.


Découverte, ouverture, plaisir et facilité d'accès reste assurément les maitres mots de l'approche US. Il ne faut, bien sûr, pas perdre de vue l'avantage commerciale qu'offre cette conception de l'apprentissage. Mais soyons réaliste, la tendance populaire va beaucoup plus vers le ludique à la mode US plutôt que le paramilitaire hexagonale. Le tout est de savoir positionner le cursus afin que la formation soit efficace pour donner au candidat un niveau technique satisfaisant mais aussi suffisamment ludique pour que le produit reste attrayant et donc vendable. Le marché mondial de la plongée nous prouve d'ailleurs que la méthode américaine est largement plébiscité et celle qui garde les faveurs du public. Les aspects techniques et sécuritaires, même si moins pointus, ne sont pas oubliés pour autant et restent, au final, tout aussi efficaces que nos formations essentiellement techniques. On verra par la suite que cet aspect technique, très apprécié (par les élites) chez nous, deviendra beaucoup plus présent et judicieusement placé dans le cursus nord-américain.


Vous remarquerez, que dans mes explications précédentes, je n'ai à aucun moment parlé de décompression ni de profondeur. En effet, car il y a au moins une chose que tous les plongeurs français connaissent du cursus nord-américain est que la plongée se fait dans la courbe de sécurité. Avec une remarque importante qui est que cela est vrai pour la branche loisir (recreationnal) des organisations US. Le loisir sans prise de tête, c'est bien ce que recherche la (très) grosse majorité des plongeurs mais ce n'est pas la seule voie comme nous pourrons le voir. Il en faut pour tous les goûts.


Un point également important à éclaircir est la notion de prérogatives qui est cher au système français (et CMAS en général). Dans les systèmes de formation internationaux la notion de prérogatives fixées par l'organisation n'existe que rarement. Cela s'explique simplement par le fait qu'une organisation qui forme à l'international ne peut imposer des règles qui iraient à l'encontre des lois d'un pays. Le cas le plus simple est la limite de profondeur par niveau. Les agences nord-américaines, en plongée loisir, indiquent des limites de profondeur dans le cadre des formations mais ne parlent généralement pas de limite une fois le brevet acquis. Ce point n'est plus du ressort de l'organisation mais de la responsabilité du plongeur en accord avec les lois du pays. Sur le terrain c'est généralement les clubs locaux qui fixent les règles en fonction des lois du pays et des us et coutumes locales. Dans la pratique on constate cependant que les règles de formation deviennent souvent les prérogatives attribuées (si compatible avec les règles locales) au moins pour les jeunes diplômés. Au plongeur de se renseigner avant d'aller plonger pour savoir quelles seront les possibilités offertes par la structure et le pays d'accueil.


 


L'approche de la profondeur


L'approche de la profondeur est abordée différement dans chaque système de plongée (CMAS, fédérations et organisations locales, écoles RSTC, etc.).


Dans le système français, affilié à la CMAS, les profondeurs évoluent par tranche de 20 mètres alors que pour les agences du RSTC la progression d'un brevet à l'autre se limite à 10 mètres (12 de l'OWD à l'AOWD). Pour mieux comprendre les choix effectués par chacun il faut se pencher sur le mode d'emploi associé à ces tranches.


Pour les écoles nord-américaines le plongeur est, par définition, un autonome qui plonge dans la limite de la courbe de sécurité et avec une profondeur max de 40 mètres. Un autre élément important à prendre en compte est qu'il est autonome dans des conditions au moins équivalentes à celles ou il a été formé. Tout ceci explique l'évolution modérée de la profondeur à chaque étape de la formation avant d'arriver à la limite basse définie dans le cadre de la plongée récréative.


Chez nous la méthode est plus complexe, d'une part car la profondeur max autorisée (pour le cursus loisir) est bien supérieure (60 mètres) à celle du système RSTC et d'autre part car on combine les notions de plongeur encadré et autonome avec les brevets et aptitudes à différentes sauces. Il y a les purs encadrés (N1 et PE12/20/40), les autonomes sur une tranche et encadrés dans la suivante (N2, PE60) et enfin les plongeurs uniquement autonomes dans leur tranche (PA20, PA40, PA60). A cela il faut ajouter que la plongée avec palier de décompression est autorisée à partir du niveau de plongeur CMAS 2* (valable dans tout le système CMAS). Le plongeur CMAS 1* se limitant aux paliers de sécurité. Dans le système français on passe allègrement, en trois niveaux, de la plongée récréative pour nageur en eau chaude à celle beaucoup plus engagée d'aventurier en herbe.


Dans le système français l'idée de base était de scinder la progression en deux étapes. Une première phase d'apprentissage et d'acquisition d'expérience avec un guide pour ensuite devenir autonome dans la tranche considérée. L'arrivée de l'autonomie permettant de démarrer une nouvelle phase d'acquisition d'expérience dans la tranche supérieure. Depuis 2010, avec l'arrivé des aptitudes, ce principe est cependant devenu un peu caduque. Avec ces dernières les combinaisons possibles ont été multipliées et quelques bizarreries sont apparues avec les PE40 et 60 où des plongeurs peuvent se retrouver non autonome sur une hauteur de 40 (PE40) et même 60 mètres d'eau (PE60). Avant 2019 le PE60 devait être au minimum niveau 2 mais cette condition a été supprimée du MFT cette même année. On peut d'ailleurs remarquer que seule une petite expérience de 20 plongées est demandée en entrée de formation pour le PE60. Ce qui correspond peu ou prou aux plongées de formation du niveau 1 et PE40. Un plongeur peut donc enchainer sereinement les formations de N1 -> PE40 -> PE60 dans la foulée. Pour les tête pensantes de la fédération française l'expérience semble être devenue, depuis bien longtemps, un pis-aller au profil de la compétence technique. On peut également remarquer que ce principe du plongeur encadré sur de telles profondeurs n'existe nul part ailleurs !


Les écoles issuent du systèmes nord-américain sont généralement très proches les unes des autres dans leur fonctionnement afin d'assurer une cohérence et des échanges ou transferts entre agences tout autour du globe. Ceci est possible grace au RSTC qui défini la racine commune à l'ensemble des écoles affiliés. Beaucoup d'autres agences, non affiliées, ont également conçu leur système sur la même base afin de profiter des avantages offert par ce dispositif.


Du côté de la CMAS l'organisation est plus disparate voire confuse car chaque fédération est autonome et a ses propres règles. Quelques fédérations ont une progression proche des standards définis par la CMAS alors que d'autres préfèrent cultiver leurs particularités. Les cartes CMAS ne servant généralement que pour la reconnaissance internationale. Ceci explique pourquoi on retrouve des écarts importants entre les certifications CMAS d'un pays à l'autre. En corollaire cela a permit au système nord-américain, mieux organisé et plus accessible, de s'imposer sur tous les continents.


Pour avoir un aperçu prenons par exemple un plongeur 1* qui sera, selon les standards de la CMAS, autonome à 20 mètres. Cependant un CMAS 1* suisse sera autonome à 15 mètre alors qu'avec la même certification le plongeur français sera un pur encadré jusqu'à une profondeur maximale de 20 mètres. A la LIFRAS (Ligue FRancophone des Activités Subaquatique - fédération belge francophone) le CMAS 1* sera encadré à 15 ou 20 mètres suivant la qualification de l'encadrant. Au Royaune-Uni (SAA - Sub-Aqua Association, BSAC - British Sub-Aqua Club) le CMAS 1* est autonome à 20 mètres dans des conditions au moins équivalentes à celle de sa formation et sur des sites connus.
Si on continue vers le niveau supérieur un plongeur CMAS 2* sera, selon les standards de la confédération, autonome à 30 mètres (recommandation). La recommandation peut descendre à 40 mètres si le plongeur a reçu une formation adaptée. Cependant un plongeur suisse certifié CMAS 2* ne sera autonome qu'à 25 mètres et le plongeur Français le sera à tout juste 20 mètres mais avec la possibilité d'être encadré jusqu'à 40 mètres. Le plongeur belge équivalent sera également autonome à 20 mètres puis encadré pour évoluer à une profondeur de 30 mètres voire 40 mètres dans certaines conditions (si l'encadrant possède le brevet PPA : Plongée Profonde à l’Air). Et enfin en grande bretagne le CMAS 2* sera autonome à 35 mètres.


Chez le plongeur CMAS 3* on retrouve également de grandes disparités. Beaucoup de fédérations affiliées à la CMAS suivent les recommandations de la maison mère avec une limite de profondeur pour la plongée loisir à l'air, hors spécialité et formation spéciale, fixée à 40 mètres. Cependant l'hétérogénéité reste de mise. Par exemple, pour des raisons historiques, le Dive leader BSAC peut toujours étendre cette limite à 50 mètres. A la LIFRAS (Ligue francophone de recherches et d'activités sous-marines, fédération belge francophone) une spécialité de plongée profonde à L'air (PPA) est requise pour aller au-delà de cette limite. Cette spécialité est également requise pour notre CMAS 3* s'il souhaite emmener des niveaux inférieurs à 40m. Malgré ces grandes divergences et au contraire de la France, la tendance milite largement pour une profondeur max de loisir à 40 mètres et l'utilisation du nitrox pour la décompression entre de plus en plus dans les mœurs.


A noter que la France détient, en plus, une particularité unique dans le monde CMAS qui est d'avoir deux brevets différents (plongeur autonome et guide de palanquée) avec la même équivalence CMAS 3*. Point qui a d'ailleurs fait l'objet, dans le passé de quelques remarques ciblées de la part de la CMAS (lors d'une période de mésentente politique entre la direction de la FFESSM et celle de la confédération) pour signaler la non concordance avec ses standards. Soyez rassuré cher lecteur car les griefs énoncés dans le courrier de la CMAS s'envolèrent aussi rapidement que les divergences entre nos deux protagonistes furent évacuées.


Comme on peut le constater l'homogénéité n'est pas une qualité du système CMAS et cela ne facilite pas l'harmonisation des compétences à certification égale. Mais de toutes les écoles CMAS la France est, sans conteste, celle qui offre la plus grande combinaison de prérogatives avec ses brevets (niveaux 1 à 5) et aptitudes (PA/PE 12 à 60). C'est certainement aussi celle qui s'écarte le plus des standards et recommandations de la CMAS bien quelle en soit membre fondateur.


Cette complexité combinée à une hétérogénéité chronique a conduit beaucoup de pays a préférer la phylosophie des écoles du RSTC pour fixer les limites de profondeur et les prérogatives associées à chaque niveau. En ce qui concerne les profondeurs d'évolution on retrouve couramment comme règle (sans que cela soit une généralité) : 40m à l'air, 55m avec un nitrox de déco et 100m au trimix.


Les prérogatives associés aux plongeurs se rapprochent généralement des standards du RSTC et occasionnellement, en association, avec ceux de la CMAS. Les prérogatives des fédérations locales restant, quant à elles, uniquement valables dans leur pays d'origine. A l'étranger un plongeur CMAS 1*, après une plongée d'évaluation concluante, pourra généralement plonger en autonomie comme un Open Water Diver. Dans le cas contraire il sera accompagné/guidé (également valable pour l'OWD) mais cependant non encadré au sens strict et français du terme. Un CMAS 2* se retrouvera souvent autonome à 30 voire 40m.


Pour les plongeurs dont l'école est proche des standards CMAS cela ne fera que peu de différence de prérogative mais pour un plongeur français cela correspond clairement à un surclassement. Un niveau 1 qui deviendrait autonome comme un OWD (ou un vrai CMAS 1*) et un niveau 2 qui verrait sont autonomie augmenter de 20m. Pour un niveau 1 francais qui avait l'habitude de se reposer totalement sur son guide de palanqué cela pourrait être déroutant voire dangereux.
Pour descendre au-delà des 40m une certication de plongeur technique et d'Advanced Nitrox sera généralement demandée dans la limite de 50 ou 55 mètres tel que défini dans les règles des écoles du RSTC.


 


Pourquoi une plongée sans déco


En France le développement de la plongée s'est faite de façon naturelle en rapport avec la vision des pionniers de l'activité sans penser business ni ouverture de masse. Dit autrement, elle a suivi une démarche opportuniste, pas à pas, au jour le jour et sans stratégie à long terme. La professionnalisation de l'activité est arrivée plus tard dans une démarche similaire sans étude de marché ni réelle adaptation à la clientèle du moment. On pourrait résumer par : l'activité est ce qu’elle est et le client devra s'adapter s'il souhaite découvrir les joies du monde sous-marin.


De l'autre côté de l'atlantique et comme on a pu le voir, l'approche fut complètement différente et beaucoup plus soucieuse de rendre l'activité accessible au plus grand nombre. La plongée business a bien souvent une mauvaise image chez nous (à cause de son origine associative à moindre coût) mais il faut bien avouer que l'approche commerciale a le grand avantage de se faire de façon réfléchie (étude de marché, adaptation du produit à la clientèle, évolution permanente en fonction des habitude de consommation, etc.) avec une vision à long terme afin que l'activité soit pérenne et rentable. Cette approche marketing, très forte aux US, a sans conteste été le parent pauvre en France.


Pour que cette ouverture puisse être une réalité il fallait avant tout apprendre à mieux cerner le profil du plongeur de référence pour développer une activité commerciale rentable. Pas besoin de tourner 15 heures autour du pot pour savoir que le profil de notre plongeur correspond au fameux "bon père de famille" avec femme et enfants qui viennent découvrir une activité et se faire plaisir en vacances. L'activité se doit donc d'être facilement accessible, ludique et sans risque. Le plongeur qui nous intéresse est également un débutant ou peu expérimenté qui souhaite tout simplement pratiquer une de ses activités favorites. A noter que ces activités peuvent être nombreuses de nos jours. Ce dernier point est important car cela signifie que l'activité plongée sera alors en concurrence avec d'autres et la stratégie de l'entreprise devra en tenir compte.
Le plongeur confirmé voire très confirmé est également une clientèle qui présente un intérêt, en terme de formation et d'activités annexes, mais qui représente cependant un faible pourcentage de la masse des clients potentiels.


Une fois le sujet cerné les agences américaines ont rapidement concentré le cœur de leur business autour de cette première clientèle. Nous verrons que les plongeurs confirmés n'ont pas été délaissés, loin de là, même si moins intéressant du point de vue strictement commercial.


Maintenant que nous connaissons le profil de notre candidat idéal et les paramètres liés à l'activité il devient plus facile de comprendre la stratégie des organisations nord-américaines. Mais ce n'est qu'une partie du puzzle.


Pour compléter cette analyse nous pouvons ajouter un élément important au dossier concernant le type de pratique choisi par les agences nord-américaines (deco or not deco ?). On peut affirmer sans se tromper que la plongée avec décompression ne présente pas un grand intérêt pour le plongeur loisir et de plus non sans risque. A cela il faudra ajouter une formation plus longue et rarement en phase avec les aspirations du débutant et du plongeur loisir.


La plongée avec déco volontaire et conséquente apparait généralement avec l'expérience et s'adresse surtout à des plongeurs expérimentés qui veulent sortir des sentiers battus. Pour cette extension naturelle de l'activité les agences américaines ont opté pour une seconde approche plus spécialisée que nous verrons plus loin. Précisons bien que la petite déco de quelques minutes obligatoires effectuée occasionnellement est bien prise en compte dans la formation loisir de base de n'importe quelle organisation (US y comprise).


Tout cela nous amène enfin à la conclusion et explique pourquoi les organisations nord-américaines ont fait le choix d'une vraie plongée de loisir facile d'accès, ludique et qui présente le moins de risque possible avec accès direct vers la surface. Comme dans tout produit commercial le juste nécessaire est une exigence importante pour ne pas ennuyer le client mais aussi ne pas encombrer inutilement le cours du moniteur afin de rentabiliser l'opération. Dans l'approche US le moniteur n'est pas qu'un enseignant mais aussi un commercial qui a pour objectif de vivre de son labeur.


De tout ce que je viens de présenter, peut-on en déduire que les plongeurs d'obédience nord-américaine sont ignares des problèmes de décompression et de profondeur. Non, loin de là et pour être plus précis pas plus pas moins que nous ne le sommes comme nous pourrons le constater plus loin. Nos voisins d'outre-atlantique ont tout simplement fait des choix différents pour aborder ces sujets. Par certains côtés on verra même qu'ils peuvent être en avance sur ce qui se pratique chez nous.


Comme déjà précisé au début de ce chapitre le développement des cursus de formation en france a suivi une voie bien différente de celle de nos cousins d'outre-atlantique. On pourrait même dire, sans mal, que le chemin fût à l'opposé. Aucune étude mais tout au plus une adaptation d'un existant qui correspondait tout simplement à la vision des pionniers à une époque où le monde sous-marin était considéré comme un territoire d'aventure. Longtemps, la course à la profondeur fût la principale motivation d'un grand nombre de plongeurs français. La notion de risque faisait partie du jeu et était même un ingrédient majeur dans l'attrait de l'activité. Pas de doute, le profil du candidat apparaissait plutôt comme celui d'un sportif aventurier bien éloigné de notre plongeur loisir de référence nord-américain.


Cette approche mono-culturel était certainement adaptée à une époque lointaine mais montre aujourd'hui ses limites face à la diversité des profils de plongeurs. Notre système se montre performant pour les plongeurs qui ont en ligne de mire le niveau 3 et les plongées profondes à l'air. Néanmoins, pour la zone profonde au-delà des 40 mètres il y aurait probablement quelques (grosses) améliorations à apporter.


Pour les simples plongeurs loisirs en recherche d'autonomie en toute simplicité les solutions semblent plus limitées. Les aspirants palmipèdes sans prétentions se tourneront plus naturellement vers les écoles internationales et idéalement avec un terrain de jeux situé hors de nos frontières. Une formation d'Open Water suivi d'un Advanced fera généralement leur bonheur. Décompression avancée, paliers interminables et autres profondes ne font pas partie de leur langage. Beaucoup de ces plongeurs découvriront d'ailleurs l'activité pendant un séjour en zone tropicale. Cependant une fois de retour en métropole le choc avec l'approche française pourrait quelquefois paraitre austère. Ces nouvelles aspirations essentiellement récréatives et ludiques ont encore, de nos jours, un peu de mal à se faire entendre dans le microcosme hexagonale ou le plaisir de la découverte est trop souvent relégué au second plan.


La règlementation française, largement défavorable aux enseignements autres que français, permet cependant à un système vieillissant de se maintenir et de remettre les petits canards égarés sur le droit chemin.


 


Le Cursus Technique (Technical Diving)


Le titre pourrait paraitre hors propos puisque, comme expliqué au début de cet article, il était prévu de se limiter à la plongée dite "de loisir".
Cependant la notion de loisir et de technique à des connotations et des limites bien différentes selon que l'on se trouve d'un côté ou de l'autre de l'atlantique. C'est d'ailleurs, en grande partie, un des nœuds principaux du problème.


La plongée loisir à la française, ou plutôt sportive, s'apparente plus à un mixte loisir/technique vu du point de vue des agences US. Cela veut dire que pour trouver l'équivalent nord-américain de nos 3 niveaux de plongeur il faudra obligatoirement enjamber la barrière.


Dans l'hexagone la plongée technique fait référence, de façon générale, à des procédures de plongée plus complexe que celles que l'on pratique habituellement en plongée loisir. Cependant on peut constater que la limite pour passer de l'une à l'autre reste quelque peu obscure. Pour certains, qui dit technique, dit souvent plongée trimix et avec un terrain de jeux situé au-delà des 60 mètres autorisés par la règlementation à l'air. Pour d'autres l'emploi d'un nouveau gaz spécifique (Nx > 40%) à la décompression avec son bloc dédié signe déjà l'entrée dans le domaine technique.


Pour nos amis nord-américains la frontière est beaucoup plus claire car explicitement identifiée par 2 cursus que l'on retrouve sur tous les flyers de leurs agences mais aussi par 2 critères clairement définis. On quitte le domaine loisir dès que l'organisation de la plongée intègre intrinsèquement une phase de décompression avec paliers obligatoires et/ou avec des plongées au-delà des 40 mètres.
La formation française nous permet de descendre dans la limite de 60 mètres avec de l'air comme gaz fond. Il va de soi qu'il sera difficile (hormis un touch and go) de faire une plongée digne de ce nom à cette profondeur sans faire quelques paliers obligatoires. Pour le plongeur US cette pratique entre, sans ambiguïté, dans le domaine technique et dans une forme d'engagement au-delà du simple loisir.


Au contraire de nous, les collègues américains ont bien différencié les 2 cursus pour laisser au plongeur le choix de l'orientation qu'il souhaite donner à sa pratique. De plus, le très gros des plongées dans le monde, et de même en France, se fait essentiellement dans la courbe de sécurité et avec une profondeur moyenne ne dépassant pas les 20 mètres. Alors pourquoi s'encombrer par un apprentissage qui ne servira jamais à l'immense majorité des pratiquants ?


Avant d'aller plus loin dans le cursus technique ouvrons d'ailleurs une parenthèse sur l'évolution de la profondeur dans l'enseignement des organismes nord-américains. Comme vous l'avez compris la profondeur n'est pas une finalité en soi et doit même rester dans des limites acceptables d'une plongée sans déco. En plongée loisir cette profondeur est limitée à 40 mètres.


La profondeur de formation dans le cadre du cycle normal des brevets loisir nord-américain est cependant limitée à 30m et se place dans la formation Advanced OWD. Cette profondeur est un max à ne pas dépasser lors de la formation mais en rien une obligation pour la réalisation des exercices comme cela se pratique en France. La plongée à thème "Profonde" de l'AOWD peut avoir lieu dans une tranche comprise entre 18 et 30 mètres. La plongée dans la zone des 40 mètres est quant à elle une spécialité (Deep Diver) et sort donc du cycle normal dans la suite logique des certifications (OWD-AOWD-Rescue-MSD). Un plongeur peut donc être certifié Master Scuba Diver (MSD), le plus haut niveau de plongeur, sans jamais avoir côtoyé les 40 mètres.


De retour aux cursus techniques signalons qu'ils ne n'ont pas été pris en compte par le RSTC comme c'est le cas en loisir. Ils sont donc spécifiques à chaque organisation. Cependant on constate dans la réalité que l'approche de la plongée profonde reste relativement homogène pour toutes les agences nord-américaines. La philosophie globale est donc très similaire mais quelques différences subsistent. Cela veut dire que pour la suite je serais certainement amené à prendre des exemples de formation fait par une agence ou une autre pour étayer mes propos mais qu'il ne faudra pas prendre cela comme une généralité de l'école US.

Formation Tec Deep PADI

Revenons maintenant au cœur du sujet pour comprendre comment l'accès à la profondeur et aux procédures associées est abordé dans le système nord-américain. Si le plongeur issu du cursus loisir US souhaite s'orienter vers une plongée plus engagée il devra en faire explicitement le choix. La démarche la plus naturelle est tout simplement, après l'AOWD, de s'inscrire à la spécialité Deep Diver qui permettra à notre candidat d'aborder, un peu plus en détail, les problématiques liées à la plongée profonde (limitée à 40m). Cette approche pourrait s'apparenter à celle que nous avons dans le cadre d'une formation PA40 mais qui serait sans déco.


Avec la spécialité Deep Diver en poche, notre candidat possède une partie du billet d'entrée pour le cursus technique de son organisation (ou d'une autre). Le chainon manquant est la spécialité Nitrox (mélange <= 40% d'O2) car comme nous le verrons plus tard dans le démarche US la plongée profonde (40 et au-delà) se conçoit principalement avec un gaz nitrox de décompression.


Dans la philosophie française après le nitrox de base la formation "Nitrox confirmé" est une option recommandée pour évoluer dans la zone 40-60 mètres mais dans les faits, on constate que le gros des plongées reste essentiellement réalisé avec le bon air du bon dieu et tout au plus avec un 15 litres sur le dos quand ce n'est pas un simple 12. De manière générale la plongée nitrox, à faible comme à forte concentration d'O2, reste très peu usitée dans l'hexagone. Est-ce un problème de coût, d'organisation et de gestion plus complexe ou tout simplement un déficit d'information et de réelle formation spécifique à la plongée profonde ?


Côté nord-américain le sujet est pris très au sérieux et demande clairement un traitement spécifique au travers d'un cursus dédié qui va de la simple plongée avec décompression obligatoire jusqu'à une pratique extrême avec des mélanges trimix. Une décompression digne de ce nom se fait avec un mélange surox et d'autant plus dans une zone profonde (40 et au-delà) ou l'on évolue avec de l'air comme mélange fond.


Cursus Technique TDI

De façon concrète cela se traduit, par exemple, chez TDI, organisation TEC la plus connue chez nous, par deux formations aux noms évocateurs et sans ambiguïté sur leur contenu : "Advanced Nitrox" et "Decompression Procedures". La première est l'équivalent de notre Nitrox Confirmé alors que la seconde aborde des sujets que le plongeur français découvre lors des formations niveau 2 et 3. Cependant les cours TDI ont une approche beaucoup plus poussée de la plongée profonde et de la décompression que nous ne le faisons dans nos formations N2/N3 et Nx Confirmé car cela inclut obligatoirement des sujets comme le choix de son équipement (harnais, wing, bi/mono, etc.), du meilleur gaz de déco (et donc le Nx), le what if (que faire si il m'arrive telle ou telle chose), la planification spécifique de la décompression avec ordinateur/logiciel de déco/tables, l'usage du dévidoir, etc. Comme nous pouvons le constater dans le cursus US, à l'inverse du système français, la plongée profonde au-delà de 40 mètres est enseignée dans un esprit volontairement technique et non plus loisir. La démarche est sans équivoque et bien loin de celle usitée chez nous.


Ces deux formations sont un couple indissociable de la philosophie profonde américaine (profonde = décompression avec déco Nx). Elles constituent les premières briques des fondations du cursus technique de toutes les agences. Les limites de profondeur dans le cadre de ces formations (de base) restent généralement à des profondeurs loisirs car ne dépassant guère les 40 à 45 mètres. A l'inverse des cours loisirs, la profondeur devient ici une prérogative et une règle fixée par l'organisation. Dans le cursus TEC, il en est de même pour les autres agences nord-américaines. Cependant comme nous le verrons plus tard les profondeurs varient un peu suivant l'organisation.


Toujours chez TDI le module suivant s'appelle "Extended Range". Comme ses collègues ce module au nom très évocateur permet d'exploiter pleinement l'enseignement dispensé dans les prérequis (décompression avec gaz surox) avec en ligne de mire un accès à la plongée profonde à l'air dans la limite de 55 mètres. Comme vu tout au début de cet article la limite de 55 mètres est liée à la recommandation NOAA de ne pas dépasser une PpO2 de 1,4 bars.

Les 3 cours TEC TDI présentés se déroulent généralement sur 3 jours avec 4 plongées. Soit 12 plongées au total.


Les lecteurs souhaitant en savoir plus sur les contenus de formation des ces modules pourront trouver tous les renseignements utiles sur le site web TDI.


Si on va voir du côté d'une agence plus connue pour la plongée loisir comme PADI on retrouve un cursus similaire mais découpés différemment et peut-être avec des titres moins évocateurs sur leur contenu mais très clairs sur leur positionnement extra loisir.
Vous pourrez retrouver sur la toile tous les cours techniques proposés par l'organisation PADI.


Cursus Technique PADI

Chez PADI le cursus TEC est dispensé par la filiale DSAT (Diving Science and Technology) qui a développé la table de décompression RDP (Recreational Dive Planner) utilisé dans tous les cours de l'agence.


Le leader nord-américain (de la plongée loisir) a fait le choix de préfixer le titre de ses formations par une appellation sans équivoque sur son positionnement technique. Dans Le cycle TEC Deep Diver on retrouve différents niveaux qui vont de 40 à 50 mètres : TEC40, TEC45, TEC50, avant d'aller plus loin avec le trimix. La démarche est similaire à celle de TDI sauf qu'on ne trouve pas l'équivalent de l'Advanced Nitrox et de la Deco Procedure. Le couple décompression et gaz suroxygéné fait partie intégrante des modules.


Le premier cours TEC40 est la transition entre la plongée loisir et technique. Il a pour objectif de vous initier à la plongée avec décompression tout en restant à des profondeurs loisirs. Il vous apportera aussi et surtout toutes les connaissances de base de la plongée technique (équipement spécifique du plongeur TEC, redondance, planification avec soft, état d'esprit, etc.) avec toutes les considérations propres à une plongée engagée. Dans ce module l'utilisation d'un mélange nitrox de déco ne dépassera pas les 50% d'O2 pour plus de conservatisme et non pour réduire son temps de palier. La décompression avancée (réduire son temps de palier) avec un mélange surox supérieur à 50% arrive dans le module suivant TEC45. Les décompresssions complexes (multi-gaz de déco) seront vues dans le dernier module TEC50. Chaque cours se déroule sur 3 à 4 jours avec 4 plongées comme pour une spécialité. Soit 12 plongées au total pour passer du TEC40 au TEC50.


Pour les indécis ou tout simplement ceux qui souhaiteraient avoir un aperçu de ce que PADI propose, il est possible de s'inscrire à un cours d'initiation ou plutôt de présentation et de découverte du cursus TEC. On retrouve un cours équivalent dans les autres organisations.


Ce cours porte le nom : "Discover TEC". Cette première expérience a lieu en milieu protégé (piscine ou équivalent en milieu naturel) pour présenter le programme de la filiale DSAT et avoir une première approche du matériel et des procédures qui seront enseignées dans ce cadre. Un simple plongeur Open Water Diver (équivalent du niveau 1 mais avec un préparation à l'autonomie en plus) de 18 ans mini et 10 plongées enregistrées peut avoir accès à ce cours d'initiation. L'entrée dans le cursus TEC proprement dit (TEC40) demande cependant comme prérequis (expliqué précédemment) d'avoir l'AOWD, la spécialité Nitrox ainsi que Deep Diver.


Sans entrer dans le détail, les autres organisations nord-américanes ont également des programmes de formation technique similaires aux 2 précédentes. Par exemple chez SSI on retrouve l'Extended Range Program qui permet dans ces premiers niveaux (Extended Range Nitrox Diving, Extended Range, Technical Extended Range) de faire de la plongée avec décompression dans la limite de 40 (idem TEC40 PADI) et jusqu'à 60 mètres en utilisant un ou deux gaz de décompression.


En résumé, ce que l'on doit bien retenir des cursus des agences américaines de plongée profonde à l'air est que le programme ne se limitent pas à un simple apprentissage de la déco et du nitrox tel que c'est fait dans le système français. Ces formations sont une véritable initiation à la plongée technique légère puis lourde avec au final une ouverture et une préparation à la plongée trimix. Dans leurs contenus on y retrouve tous les ingrédients d'une pratique engagée (config matériel légère/lourde, redondance, what if, utilisation du dévidoir/spool, planification avancée, etc.) que l'on enseigne beaucoup trop tard et uniquement dans le programme trimix du cursus TEC français.

Tech. Ext. Range SSI

L'approche de la décompression à la mode US, très moderne dans sa définition, présente cependant quelques inconvénients. Le premier me semble être une transition (un peu) trop franche entre recreationnal et Technical. Celle-ci pourrait être abordée de façon plus légère dans le cadre d'une pratique purement loisir sans avoir recours à un mélange suroxygéné. Le second point est le découpage en de multiples certifications qui font avancer le plongeur par petites étapes. Cette démarche s'inscrit dans la logique modulaire de toutes les organisations nord-américaines. Il sera, en effet, plus facile de vendre de petits modules (moins cher unitairement et moins long) qu'un gros. Pour le client l'investissement en temps est également moins lourd et évite d'avoir à bloquer une semaine pleine de formation voire plus. En contrepartie l'ensemble présente un coût cumulé non négligeable mais un avantage pécunier certains pour l'instructeur. Pour une école de plongée des petits modules ont l'avantage de présenter une souplesse supplémentaire pour l'organisation. On peut cependant remarquer, dans bien des cas, que les structures commerciales proposent de combiner les modules pour en réduire le coût global.


Hormis ces quelques détails je trouve la démarche très bonne dans sa philosophie et en phase avec les moyens et les connaissances actuelles. Dans la réalité il faut cependant garder à l'esprit que les petits décos à l'étranger demande rarement de posséder une qualification TEC. Mon expérience personnelle m'a montré que les petites décos (quelques minutes, ce qui représente la majorité des décos obligatoires pratiquées en France) ne m'ont jamais posé de réels problèmes même si la recommandation du "no déco" reste la norme dans les structures.


Inversement la remarque que l'on pourrait faire à notre cursus national est que la plongée à l'air jusqu'à 60 mètres n'est abordée que comme une simple extension de la formation niveau 2. Dans cet esprit la plongée au-delà des 40 mètres se réalise encore avec un équipement minimaliste et avec une formation au strict nécessaire sans autre information ou recommandation pour améliorer la sécurité des plongées profondes. Pas étonnant, dans ce contexte, que le brevet nitrox confirmé ne soit vu que comme une option facultative et très peu usitée sur le terrain (comme le nitrox simple d'ailleurs). En y regardant de plus près on constate d'ailleurs que les compétences du Nx confirmé ne sont qu'une reprise, avec un bloc supplémentaire, de ce qui a déjà été vue lors du nitrox de base. Aucune réelle plus-value n'est apportée pour inscrire cette formation dans un contexte plus engagé. Ce qui semble pourtant être le cas pour des plongées à l'air à 60 mètres ?


Aujourd'hui cette formation est malheureusement considérée par beaucoup de moniteurs français comme un prérequis de la plongée trimix et donc de fait, ne présentant que peu d'intérêt dans le cadre d'une plongée loisir courante même à 60 mètres. La reflexion du plongeur français est simple : pourquoi engager des dépenses (et du temps) supplémentaires pour une chose que l'on peut faire uniquement à l'air comme on le ferait avec une plongée à 20 mètres de profondeur !


Depuis ses tout débuts l'approche française de la plongée profonde à l'air n'a pas évoluée et se veut de rester simple pour ne pas dire simpliste. Aujourd'hui un petit dépoussiérage de notre approche de la plongée profonde ne serait pas inutile ou du moins mériterait un peu plus d'attention.


Dans les structures professionnelles de bord de mer on remarque cependant que cette absence a déclenchée depuis longtemps une prise de conscience mais peut être aussi une nouvelle opportunité de faire un peu de business. L'engouement pour la plongée recycleur, souterraine et technique n'y est certainement pas pour rien. Cela se traduit, depuis quelques années dans les centres spécialisés en plongée technique, par une mise en avant des cursus des écoles TDI et IANTD pour une utilisation, non pas trimix, mais bien de plongée loisir profonde à l'air. Ces dernières proposent cela comme un complément de formation au niveau 3 pour une pratique plus rigoureuse et plus sécuritaire.


Malheureusement, dans les faits les plongeurs intéressés sont principalement ceux qui ont déjà émis le souhait de s'orienter vers le trimix. Difficile de changer les bonnes vieilles habitudes tant que les principaux acteurs de la plongée française n'auront pas pris en compte l'évolution des pratiques. De plus, pour ne pas aider, nous parlons d'une activité de niche dans une niche qu'est déjà la plongée. Une autre raison serait peut-être aussi que bon nombre de hauts cadres fédéraux verraient d'un très mauvais oeil une évolution vers une pratique à connotation nord-américaine.


Sans oublier également qu'une évolution des cursus pourrait potentiellement avoir un impact sur le Code Du Sport et donc un nouvel acteur à mettre dans la boucle. Sachant que le ministère des sports n'est pas un partenaire très coopératif et de plus qui a ses propres critères et objectifs, pas toujours compatibles avec une pratique simple et ouverte. Bref un bel imbroglio à cheval entre égocentrisme, politique opportuniste et frénésie réglementaire/sécuritaire. Trois composantes extrêmement difficiles à concilier et qui nous ont largement montré leurs limites dans le passé et probablement encore pour de longues années.


Pour revenir aux cursus techniques nord-américains il ne faut pas complètement s'étonner de la méconnaissance de nos compatriotes pour cette facette de la plongée US (et mondiale) car la France a fait le choix de ne pas reconnaitre d'autres brevets que ceux délivrés par ses organisations nationales (hormis CMAS). Pour la plongée au-delà des 40 mètres le CDS impose l'aptitude PA60 (Niveau 3 ou CMAS***) et peu de DP accepteront de prendre la responsabilité de classer un plongeur RSTC inconnu en PA60. Il est donc tout à fait logique que les agences US n'aient pas souhaité consacrer de l'énergie à la promotion de leurs cursus au-delà du simple tronc commun "recreationnal" cœur de métier.


Au final le plongeur français, comme le coq qui n'a jamais quitté sa basse-cour, n'a comme vision très restreinte de l'activité que celle de son maigre territoire.


Pour les plongeurs amoureux d'épaves ou d'horizons à prédominance technique la vue s'entrouvre avec bonheur au-delà de nos frontières. Un exemple très simple, proche de chez nous, est de partir plonger en Italie, sur l'Amoco Milford Haven coulé dans la baie de Gênes. Cette splendide épave (sister Ship de l'Amoco Cadiz coulé en Bretagne) est en excellent état et repose par 80 mètres de fond posée bien droite avec les passerelles supérieures situées à seulement 34 mètres de profondeur. Elle est donc accessible à beaucoup d'autonomes que ce soit à l'air, au nitrox déco où mieux au Trimix.


Des centaines de plongeurs de toutes obédiences descendent la voir toute l'année avec un simple 15 litres (idéalement avec déco pour passer la barrière des 40m) ou plus généralement avec un BI et l'équipement lourd qui l'accompagne quand ce n'est pas avec un recycleur pour en profiter pleinement. Sur les embarcations qui partent du petit port d'Arenzano (25km de gênes et un quart d'heure de navigation pour le Haven) toutes les nationalités se côtoient avec des plongeurs PADI, TDI, IDEA, FFESSM, GUE, CEDIP, SSI et encore bien d'autres. Diversité et richesse sont de véritables sources d'inspiration malheureusement impossibles sur nos côtes délaissées, depuis bien longtemps, par les plongeurs confirmés étrangers !


 


Mise en œuvre des techniques de décompression


On sait maintenant que dans le modèle RSTC nord-américain la limite no deco se situe à 40 mètres et qu'au-delà il faudra emmener un (ou plusieurs) bloc(s) supplémentaire(s). Que se soit avec un bloc ou plusieurs les stratégies à mettre en œuvre pourront être multiples en fonction de l'objectif recherché. La bouteille de décompression fait généralement penser à une plongée technique souvent profonde voire exclusive mais il existe d'autres formes de pratiques avec des utilisations plus douce que l'on pourrait ranger dans une catégorie "Advanced recreational" (loisir avancée en français).


Les modes de décompression pourront avoir comme objectif de :

  • réduire le temps des paliers de décompression (décompression avancée)
  • maximiser la décompression avec des temps de déco air (pour plus de conservatisme, réduire le niveau de bulles)
  • mixer les deux approches précédentes (solution intermédiare)

Plongeur Technique

Avant d'aller plus loin rappellons que le bloc de décompression est une sécurité, un bonus, et que la planification doit permettre de réaliser l'ensemble de sa décompression avec le mélange fond (air) tout en gardant une marge de sécurité. Pour ceux qui souhaiteraient adopter le bloc de déco afin de pouvoir passer (beaucoup) plus de temps au fond devront certainement revoir leur équipement de base. Par exemple, envisager le bi-bouteille à la place du 15 litres.


  La première méthode qui consiste à réduire son temps de palier (décompression avancée) mettra en œuvre un ou plusieurs nitrox. Le plus souvent on utilisera un seul nitrox riche en oxygène, de l'ordre de 80 à 100%. Avec une PpO2 fixée à 1,6 bar la prise d'un mélange Nx80 se fera à 10 mètres et 6 mètres pour de l'oxy pur.
Pour des plongées plus engagées la planification pourra se faire avec deux gaz dont un mélange intermédiaire (travel mix) et un second à forte concentration d'O2. Le travel mix pourra se situer dans la tranche des Nitrox 32 à 50%.

Un seul mélange à faible concentration d'O2 pourra également être choisi pour une prise plus profonde mais cela obligera surement à prendre un bloc plus volumineux de type S80 (11,1 litres). Tout cela sera à déterminer en fonction de l'objectif visé.
Sur des profils de ce type la plongée sera clairement engagée et l'objectif sera de maximiser le temps fond tout en minimisant le temps de palier. Nous sommes dans le cadre de plongées que l'on peut qualifier de réellement technique et avec un niveau d'engagement en rapport.


 La seconde méthode a souvent la préférence des vieux plongeurs (pour ceux qui ont acquis la sagesse en même temps que l'expérience ). Elle vous permettra de faire les mêmes plongées que dans votre jeunesse mais tout en prenant une marge de sécurité supérieure. C'est à dire que l'on planifiera sa plongée comme si elle devait se dérouler de bout en bout avec le bon air du bon dieu. L'ordinateur sera paramétré avec de l'air comme gaz principal mais aussi pour la décompression. La seule différence est que vous ferez votre décompression avec un mélange nitrox alors que votre ordinateur aura tout calculé comme si vous étiez à l'air. Au final nous sommes bien dans un profil conservateur même si la plongée reste tout de même engagée.


Cependant avec ce mode de stratégie les possibilités pourront être étendues de plusieurs façons et même adaptées sous l'eau en fonction des circonstances.
Le choix des nitrox sera aussi large que dans le premier cas mais nous n'emporterons qu'un seul bloc de décompression. L'objectif étant d'améliorer sa décompression tout en restant le plus simple possible pour des plongées qui pourront se situer au-delà des 40m comme en-deça. Dans le cas des plongées sans déco dans la limite des 40m un simple Nx32 en gaz fond pourra également faire l'affaire pour plus de sobriété.


Les mélanges pourront aller du simple nitrox 32 jusqu'à l'oxygène pur. Comme dans la première méthode avec le travel mix le mélange de déco pourra (potentiellement) être pris beaucoup plus tôt. Soit vous prenez un mélange de type Nx32 qui vous permettra une prise dès les 40 mètres (toujours avec une PpO2 de 1,6 bar), soit vous restez sur un oxy pur ou 80% pour un usage près de la surface. D'autres opteront plutôt pour un Nx50.


Le grand intérêt du mélange à moyenne concentration d'O2 (32 à 50%) sera pour une prise à plus grande profondeur. Ceci va clairement dans le sens de la sécurité car en cas de souci (perte de gaz fond, surconsommation -essoufflement- au fond et manque de gaz air pour réaliser toute sa déco) votre bloc de décompression pourra vous sauver la mise. Pour une plongée dans la zone 40-60 il deviendra très confortable de savoir que l'on a un mélange respirable dès 40 mètres. Même en cas de débit continu sur le bloc principal l'accès à la zone des 40 est beaucoup plus aisée. Avec une déco O2 pur le problème sera plus compliqué. Dans tous les cas il ne faut pas oublier que l'on ne plonge pas seul mais cependant cela vous donnera une solution supplémentaire. La planification préalable avec un logiciel vous permettra d'adapter vos mélanges en fonction du profil et de la stratégie de décompression envisagée.


 La dernière méthode est un mix des deux précédentes. Cela signifie tout simplement que l'on va essayer de jouer sur les deux tableaux. Par contre il faut bien être conscient que ce qui sera gagné d'un côté sera perdu de l'autre. C'est à dire que si l'on souhaite réduire notre temps de palier cela se fera obligatoirement au détriment de la sécurité, dans le sens d'une décompression moins conservatrice. Et cela fonctionne également dans l'autre sens. Plus de conservatisme veut dire plus de temps de palier. Si on veut réduire ses paliers il reste toujours la solution universelle; diminuer le temps fond.


Avec cette formule on cherchera à avoir une décompression conservatrice (réduire le niveau de bulles dans l'organisme) mais tout en profitant de la réduction du temps de palier. Par exemple si vous emmenez une déco O2 pur vous indiquerez à votre ordinateur que vous n'utilisez qu'un Nx50. Vous aurez ainsi une décompression conservatrice tout en gagnant un temps significatif par rapport à l'air. Dans le cas présent, attention cependant car si vous avez un mélange Nx50 actif sur votre ordinateur de plongée il y a de fortes chances que ce dernier vous demande de passer sur le nitrox dans la zone des 20 mètres (Si réglé avec une PpO2 de 1,6 bar pour le Nx50). Cette méthode présente donc un risque. Il faudra attendre d'atteindre la profondeur réelle d'utilisation de votre mélange embarqué (O2 pur) avant de passer votre ordinateur sur le nitrox50. Dans notre exemple le changement de gaz se fera à 6 mètres (O2 pur) sur l'ordinateur ainsi qu'en réel. Le moins risqué est cependant de garder des paramétrages correspondant au vrai mélange embarqué et de rallonger les temps de palier.


Sur les ordinateurs de décompression il est possible de modifier la profondeur d'utilisation de chaque mélange enregistré (MOD en anglais). Cette valeur peut être ajustée en modifiant sur l'ordinateur la valeur de la pression partielle d'oxgène max admissible pour chaque mélange emporté. Dans le cas précédent ou l'ordinateur est réglé avec un mélange Nx50 alors que le plongeur emporte un bloc de déco O2 pur, la MOD devra afficher une profondeur d'utilisation de 6 mètres. Ce qui veut dire que le réglage de la pression partielle d'O2 max admissible (pour le mélange Nx50) devra être réglé sur 0,8bar. La MOD affichée sera alors de 0,8 / 0,5 = 1,6 bar de pression absolue soit 6 mètres. Et dernier conseil, n'oubliez jamais de marquer en gros sur le bloc le mélange contenu et la (vraie) MOD associée.


Une autre solution (plus safe) si vous avez un ordinateur multigaz (3 gaz minimum) c'est d'enregistrer un mélange O2 et un autre Nx50. Ainsi vous pourrez au choix passer sur Nx50 (avec une MOD O2) ou O2 même si vous n'emportez qu'un mélange O2 pur. Cela vous laisse la possibilité de pouvoir sortir rapidemment de l'eau en cas de besoin ou de faire une déco conservatrice avec le mélange Nx50.



Nous voilà arrivé à la fin du chapitre sur les modalités de mise en œuvre des nitrox de décompression. Les plongeurs RSTC disposent, comme nous, de cours complets sur la décompression avec toutes ses facettes. Ces cours sont optionnels et font partie du cursus technique. D'ailleurs si l'on regarde à la LIFRAS chez nos voisins Belge qui ont des pratiques proches des nôtres on remarque que la plongée au-delà des 40 mètres est une spécialité (PPA : Plongée Profonde à l'Air) qui s'enseigne en dehors du cursus principal (CMAS 1 à 3*). Le CMAS 3* étant limité à 40 mètres (idem du côté de la CMAS Suisse) même si dans la pratique il peut aller au-delà. La France reste une des rares nations à enseigner officiellement la plongée profonde à l'air dans le cursus de base avec une formation au strict nécessaire.


Ce paragraphe, même si pas nouveau, nous aura montré l'étendue des possibilités offertes par l'ajout d'un bloc supplémentaire dans la zone profonde. Il nous donne également un élément de réponse qui pourrait expliquer pourquoi le nitrox est mieux développé sur les grandes destinations plongée autour du monde. Pour les convaincus des bienfaits du nitrox une simple déco avec une bouteille ALU S40 (5,7 ltres) ou 7 litres fera largement l'affaire et permettra d'augmenter significativement la sécurité dans l'espace lointain. Les femmes qui ont généralement de faibles consommations pourront même se contenter d'une 3 litres alu. Léger sur et sous l'eau et pas ou peu encombrant. Cela demandera peut-être de regonfler un peu plus souvent.


 


Tableau récapitulatif des cursus français VS RSTC


Pour avoir une vision plus claire et synthétique je vous propose une description simplifiée des deux cursus, français VS RSTC, dans le tableau ci-dessous.


Tableau récapitulatif des cursus français VS RSTC
Profondeur (mètres) 20 (18 RSTC) 30 40 45 50 55 60
  Cursus Plongée Loisir (avec déco à partir du Niveau 2)
Cursus français Niveau 1 (encadré)
Niveau 2 (autonome)
    Niveau 2 (encadré)
Niveau 3 (autonome sans DP)
      Niveau 3
(semi-autonome avec DP)
  Cursus Plongée Loisir (sans déco) Cursus Plongée Technique (avec déco nitrox)
Cursus PADI/DSAT Open Water Diver (autonome) Advanced OWD (autonome)
Rescue (autonome)
Deep Diver (autonome) TEC40 Deep Diver (autonome) TEC45 Deep Diver (autonome) TEC50 Deep Diver (autonome)    
Cursus SDI/TDI Open Water Scuba Diver (autonome) Advanced Diver (autonome)
Rescue (autonome)
Deep Diver (autonome)   Deco Procedures (autonome)   Extended Range (autonome)  

Le cours Deco Procedures de TDI peux se faire sans l'utilisation de nitrox durant la décompression. Il est cependant conseillé d'avoir réalisé la formation d'Advanced Nitrox Diver avant la Deco Procedure pour en profiter pleinement. Pour l'Extended Range la formation d'Advanced Nitrox Diver (+ Deco procedures) est par contre un pré-requis.
La formation d'Advanced Nitrox TDI (équivalent du nitrox confirmé FFESSM) n'apparait pas dans ce tableau. Elle appartient au cursus de la plongée technique et est accessible avec comme pré-requis le cours Nitrox. Un simple Open Water Scuba Diver SDI avec 25 plongées validées sur son carnet peut donc se lancer dans la filière complète du nitrox. Pas besoin d'être Deep Diver pour attaquer l'Advanced Nitrox.


Les cours TEC Deep PADI (pré-requis : Advanced OWD + Deep Diver + Enricher Air Nitrox) inclus la formation à l'utilisation des nitrox dont la teneur est supérieure à 40% d'oxygène. Cette partie est détaillée dans le chapitre Le Cursus Technique (Technical Diving).


Le tableau nous montre que le Niveau 3 dans sa version 60m entre de plein pied dans le cursus technique des écoles du RSTC. La version 40m (N3 sans DP) se positionnera également dans le cursus technique car il autorise une plongée avec paliers obligatoires. N'oublions pas les deux critères qui marquent le passage du loisir vers la technqiue dans l'école de l'oncle SAM : la plongée avec paliers obligatoires et/ou au-delà des 40 mètres.
En clair, cela signifie que le brevet niveau 3 français n'a pas d'équivalent dans le cursus loisir RSTC. Les comparaisons des cursus loisirs RSTC VS français que l'on voit souvent sur le web présentent de nombreuses approximations et nous prouve tout simplement que les auteurs ont une connaissance restreinte de l'école nord-américaine. Si l'on veut comparer deux cursus différents il faut alors prendre en compte tous les paramètres et non pas se limiter à une dénomination "loisir" qui a des significations différentes suivant les cultures.


Le niveau 2 encadré se retrouve également dans la filière technique pour les mêmes motifs (paliers obligatoires autorisés). Ceci dit l'aspect encadrement d'un plongeur à 40 mètres (PE40) car non autonome n'existe pas dans le système nord-américain et n'a donc pas d'équivalent du tout. C'est pour cette raison qu'il est écrit en rouge dans le tableau.


Ce tableau met très bien en évidence la progression des formations d'un côté et de l'autre. On constate immédiatement que les étapes dans le cursus nord-américain sont plus nombreuses et avec une évolution progressive et modérée des profondeurs alors que dans l'hexagone on atteint les 60 mètres à l'air en trois petits échelons. Ceci peut aussi expliquer pourquoi le cursus fédéral a recours à l'encadrement des plongeurs alors que chez nos cousins l'autonomie est la norme. La préférence à l'autonomie est lié à la culture anglo-saxonne au contraire de la nôtre qui par nature privilégie le côté social (paternaliste) qui apporte une dimension gratifiante à l'encadrant.


Un autre point important à noter dans le système RSTC est le nombre de plongées minimum requis pour démarrer les formations techniques. Cette condition existait dans le système français mais pour cela il faut remonter aux années 80. Aujourd'hui aucune preuve d'expérience n'est officiellement demandée. Pas étonnant de retrouver des plongeurs qui se lancent dans une formation niveau 3 (voire même niveau 4) avec seulement 30 plongées au compteur. En comparaison chez PADI ou TDI, l'inscription au dernier cours technique (TEC50 ou Extended Range) impose d'avoir 100 plongées validées sur le carnet dont un certain nombre à des profondeurs définis (suivant organisation). Chez PADI il est également demandé d'avoir au moins 20 plongées effectuées au nitrox.



Tout ceci nous fait prendre conscience que "plongée loisir" n'a pas la même signification à l'est et à l'ouest de l'atlantique. On ne peut d'ailleurs pas nier que notre plongée dite "de loisir" est beaucoup plus (voire trop) engagée que celle du RSTC et ne s'adapte pas à toutes les populations. C'est aussi pour cela que l'on parle souvent de plongée sportive même si les avis divergent sur l'emploi de ce terme. Pour les agences US le distinguo entre loisir et sportif (technique) à l'avantage d'être clair et sans ambiguïté.


 


Conclusion


Nous voilà arrivé à la fin de cet article qui, je l'espère, vous aura permis de voir autrement les plongeurs de formation nord-américaine et surtout une approche bien différente de la nôtre. Oui il y a chez eux de vrais plongeurs loisir d'eau chaude mais proportionnellement pas plus pas moins que chez nous. La Plongée sportive au delà de 40 mètres et avec décompression reste, d'un côté comme de l'autre de l'atlantique, limitée à quelques passionnées mais bien présente. Pour les raisons réglementaires que nous connaissons, la France n'a jamais été une destination très fréquentable pour les plongeurs loisirs de formation nord-américaine. Pour les plongeurs techniques cette dernière est même tout simplement exclue. Ceci explique pourquoi le plongeur français à une vision restreinte et essentiellement (pur) loisir des écoles nord-américaines.


Les plongeurs PADI/SSI ou ses confrères disposent de 2 cursus distincts (loisir pour les apprentissages de base et technique pour le perfectionnement) et devront faire le choix explicite de s'orienter vers une plongée plus engagée pour découvrir de vrais cours techniques dédiés à la décompression et aux problématiques des plongées profondes à l'air. Même s'il n'est pas parfait (mais aucun ne l'est), le cursus nord-américain apparait bien plus civilisé et en meilleure adéquation avec les souhaits des plongeurs loisirs modernes. Sa principale force est qu'il permet d'évoluer librement selon ses désirs (pur loisir avec ou sans les aspects plus techniques) au contraire du cursus français. Effectivement, le modèle français impose d'office la plongée avec décompression associée à une course à la profondeur en seulement 3 étapes ou via les aptitudes qui ont le gros défaut de perdre l'équivalence CMAS et d'introduire une complexité dans un système qui l'est déjà que trop. De plus, il ne faut pas oublier que la formation française est imposée à tout ceux qui voudront plonger et enseigner sereinement dans l'hexagone. Cette complexité imposée est assurément le défaut majeur du système français qui n'a pas su évoluer et s'adapter aux attentes et nouvelles exigences des plongeurs contemporains (plongeurs loisirs VS sportifs / techniques).


L'arrivée des aptitudes PA/PE en 2010 (revues en 2012), auraient pu être l'occasion de créer de véritables modules loisirs (en accord avec l'objectif initial d'intégration des plongeurs étrangers), et d'autre plus techniques pour une plongée profonde voire engagée. Malheureusement l'aristocratie fédérale a préféré s'enfermer dans sa vision élitiste et monoculturel de l'activité. Au final notre cursus aborde la plongée loisir de façon trop sportive / technique et la plongée dans l'espace sub-lointain (40 et +) comme une simple promenade améliorée ou encore une extension du niveau 2. Comme vu dans les chapitres précédents la France reste l'une des rares nations à enseigner la plongée au-delà des 40 dans le cursus de base sans y apporter une réelle plus-value. Pour nos compatriotes souhaitant continuer dans le système français il serait certainement profitable de s'orienter vers une formation trimix normoxique pour enfin découvrir un enseignement en phase avec les connaissances actuelles et digne d'une plongée engagée directement exploitable pour des évolutions, non pas au trimix, mais à l'air dans la zone 40/60 mètres. Pour ceux qui ne souhaitent vraiment pas toucher au trimix la meilleure alternative serait certainement de suivre une formation de type "Extended Range" nord-américaine.


Pour ceux qui aiment aborder les choses sous l'angle des équivalences il est possible de situer le cursus loisir nord-américain (OWD, AOWD, rescue, MSD) dans les niveaux 1 et 2 + le RIFA Plongée du système français mais tout en excluant la plongée avec palier de décompression obligatoire. Le niveau 3 français (intégrant la spécialité Nx confirmé) trouvera son homologue ou ce qui s’en apparente dans le cursus technique de la plongée US.


Les agences US ont fait des choix cohérents, dans un cadre commercial (avec ses avantages et inconvénients), qui me semblent en accord avec une pratique moderne et surtout qui a su évoluer au fil du temps pour rester "up to date". Le cursus français, de son côté, a bien du mal à quitter un modèle à l'ancienne alors que quelques améliorations pourrait le hisser à un niveau équivalent à celui de nos cousins d'outre atlantique (tout en gardant nos spécificités). Cependant dans un système prisonnier d'une réglementation draconienne, toute évolution n'est jamais simple et pourrait même présenter à terme des conséquences voire des régressions irréversibles.


Voyons l'aspect positif, en France nous avons tout de même la chance d'avoir un cursus qui nous permet d'aller visiter de magnifiques sites de plongée à 40 et au-delà (Donator, Grec, Rubis, Togo, nombreuses roches profondes, etc.) et qui imposent souvent, pour en profiter, une déco conséquente. Etrangement, les plongeurs techniques (à l'air) lights et lourds, conscient des risques, peuvent cotoyer naturellement les loisirs avec leur seul mono 12 ou 15 litres sur des profondeurs identiques. Profitons-en, pendant que l'on nous en laisse encore la possibilité, avant que le ministère des sports ne vienne fourrer son nez dans une pratique qui n'est pas sans risque et qui ne vivra, à coup sûr, pas éternellement. En effet on a pu constater, à notre grand désespoir, que le législateur ne se prive pas d'apporter de nouvelles restrictions à chaque évolution du CDS (lire les articles Coup de gueule au sujet du Code Du Sport 2012 et Le Code Du Sport 2018). Typiquement ce dernier a limité, en 2012, les niveaux 3 à 40 mètres (rétrogradé de PA60 à PA40) sans DP sans parler des nombreuses autres contraintes et/ou limitations apportées.


Pour conclure comment pourrions-nous amélorer l'enseignement de la plongée profonde (si cela reste possible) ?
Nous avons un cursus loisir trop technique (qui restera en l'état car trop complexe à faire évoluer dans un contexte verrouillé) et un module technique (Nx Conf.) trop loisir ! Restons cohérent, sans toucher au CDS, nous pourrions faire évoluer la formation Nitrox Confirmé avec un enseignement similaire à ce que nous avons dans la qualification Trimix Normoxique. Dit simplement, il nous manque cruellement un module "Extended Range" pour enfin aborder la plongée profonde à l'air avec l'esprit et les outils actuels. Un message clair pour marquer la fin de la plongée profonde à l'air à l'ancienne avec la b... et le couteau. Il est à noter qu'il existe un module Extended Range Nitrox à la CMAS mais qui ne verra certainement jamais le jour dans le cursus fédéral car trop connoté "US manufacturing".


L'idée n'est pas d'imposer mais de proposer distinctement une nouvelle façon d'aborder la plongée à l'air au-delà des 40m. Cela pourrait également donner un petit coup de pouce pour relancer la plongée nitrox qui est toujours restée dans un état embryonnaire dans notre pays.


Juste pour le clin d'œil voici un article de jean-louis Blanchard paru dans la revue Subaqua de septembre 2004 et qui titrait "LA PLONGÉE AUX MÉLANGES : UNE ACTIVITÉ EN PLEIN ESSOR". Pour enfoncer le clou le premier paragraphe débute par une remarque pleine d'espoir: "la plongée aux mélanges semble désormais s’inscrire de façon durable dans le paysage de la plongée de loisirs en France". Deux décennies plus tard on constate avec tristesse que la plongée aux mélanges (fond ou déco) se pratique encore et toujours de façon confidentielle.



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